Le centre culturel Al-mouna a organisé un panel sur le thème : « La contribution de la société civile pour la cohabitation pacifique au Tchad » dans ses locaux dans le 3e arrondissement. Cette conférence a eu pour panélistes Maître Nomaye Clarisse, Avocate au barreau du Tchad et Ahmat Haroun Larry chercheur en science politique et en étude stratégique, expert en islam radical et Cathya Djoufoune enseignante à l’École Normale Supérieure, la modératrice du jour.
Le Tchad est un pays laïc et « démocratique » qui a plusieurs ethnies, régions, religions, syndicats et associations. Dans le cadre de son épanouissement, ces associations et bien d’autres ont vu le jour. Cependant, le rôle que jouent ces derniers reste à désirer. Tout porte à croire que, leur visibilité brille d’une manière négative aux yeux de la population. Pour tirer le rideau sur le terme société civile, le politologue Ahmat Haroun Larry déclare : « la notion de la société civile au 18e siècle est dans l’esprit des philosophes comme un groupe des marchands, des hommes d’affaires. Cette notion a connu une évolution en 19e siècle. Au 19e siècle, on appelle société civile, c’est tout ce qui est en dehors du champ politique. Les acteurs des associations, les ONG, les personnes charismatiques et tous ceux qui sont en dehors du champ étatique, on les appelle des sociétés civiles. Dans le sens contemporain du terme, le concept de société civile est souvent utilisé par les journalistes, hors ici au sens contemporain, on assimile la société civile à toutes les associations, les Ong, les centres d’études et de recherches, les organisations religieuses, les journalistes et les universitaires. Cette notion renvoie aux acteurs non étatiques même des journaux. Tous ceux qui prennent des décisions qui influencent sont des sociétés civiles ».
Pour Me Nomaye Clarisse, les sociétés civiles sont « des personnes qui n’aspirent pas un jour à un poste politique» et ont un très grand rôle à jouer dans le développement d’un pays : «les sociétés civiles sont comme des observateurs de par leurs actions, leurs faits, de par tout ce qu’ils peuvent faire pour pouvoir améliorer les conditions de vie. Elles travaillent aux côtés du gouvernement pour le développement économique et social. La société civile s’érige de manière volontaire ou pas comme étant un opposant mais pas politique du gouvernement. Elle est comme la conscience du gouvernement ou de l’État. Lorsque l’État prend une décision qui va à l’encontre de la population, elle réagit automatiquement ».
Après une large définition de part et d’autres, les panélistes se disent écœurés du rôle que jouent les sociétés civiles et surtout de ce pourquoi sont-elles créées. Ce paradoxe, a amené Me Clarisse à s’interroger : « Si les sociétés civiles ne savent pas ce qu’elles font, je ne sais pas ce qu’elles font ? ». Par cette question sont pointer du doigt des leaders des associations corrompus et qui génèrent la mésentente et trahissent leur base pour une maigre somme d’argent et aussi pour avoir un certain poste dans le gouvernement. A Me Clarisse de poursuivre d’exprimer sa colère : « Si vous n’aimez pas les gens, ne créez pas des associations. C’est ne pas un jeu de créer et de diriger un groupe des personnes. Tous les leaders des associations n’ont pas forcement cet esprit d’aider la société. Il y a ceux qui créent pour s’enrichir. Mais si, un leader d’une association roule dans une V8, il y a problème. Soit il devient un commerçant soit un homme d’affaire. Si ces personnes ne savent pas pourquoi, elles ont créé leur association, ce sont les fouteurs de trouble et cela peut se retourner contre le gouvernement. Ne créez pas pour atteindre un objectif égoïste».
De tous ces problèmes qui empêchent les organisations de la société civile d’exercer normalement leurs rôles et de s’épanouir, le politologue Larry tient pour responsable le gouvernement ou l’État : « les sociétés civiles sont des ministres de l’agenda politique de l’État. On ne peut pas parler d’une politique réussie sans parler de la société civile. Lorsqu’il s’agit de prendre une décision importante, il faut impliquer la société civile au lieu de la prendre pour ennemi. Beaucoup de organisations qui sont membre de l’ONU l’État les rejettent au Tchad. Ce qui est bizarre, ailleurs, ce sont ces organisations qui sont prises en compte. Par exemple la league internationale des femmes, la celiaf…ce sont des organisations que l’ONU les consulte à chaque temps concernant la paix. Mais pour la paix au Tchad on admet des personnes qui ne sont même pas écoutés dans un quartier. D’autres organisation des jeunes comme la chambre internationale des jeunes qui évoluent et contribue dans le processus de la paix partout au monde est rejetée au Tchad tout simplement par ce qu’elle est internationalement reconnue. Comment peut – on parler du développement lorsque l’État prend ceux-là à des ennemis ? L’État doit prendre les leaders d’association comme des partenaires et des acteurs».
La contribution de la société civile à la cohabitation pacifique est très importante. Sur ce, l’Avocate Nomaye Clarisse partage l’avis de Larry, politologue de son état : « Pour atteindre la cohabitation pacifique, il va de la responsabilité de l’État de faire de ceux qu’il considère comme étant ses opposant des alliés. Il doit aussi encadrer ces leaders qui ont l’influence sur sa population ».
Après bonnes heures d’échange, les panélistes ont répondu aux inquiétudes des participants qui ont posé de question telle que : comment aimer celui qu’on ne connait pas sa culture, sa région, sa religion? Il y a des voix parmi les participants qui ont demandé à la population d’être prudent des associations et même du gouvernement afin de ne pas tomber dans le trou et demandent aux panélistes de procéder à une formation directe avec les leaders des associations et aussi le gouvernement afin que chacun sache ce qu’il doit faire.
Me Clarisse invite les parents d’assurer une bonne éducation dès bas âge à l’enfant pour une cohabitation pacifique sans faille.
La nouvelle loi régissant les sociétés civiles sont fortement doigtée par les panélistes. Car pour eux, c’est une loi qui porte atteinte à l’épanouissement de la société civile.