Le gouvernement du Tchad a appelé mardi 29 octobre la communauté internationale à intensifier son aide dans la lutte anti-terroriste au Sahel, au lendemain d’une attaque du groupe Boko Haram, qui a tué une quarantaine de soldats dans la région du Lac Tchad.
Cet assaut, mené dans la nuit de dimanche à lundi contre une base militaire située sur l’île de Barkaram, « a coûté la vie à une quarantaine de vaillants soldats tchadiens », selon un communiqué officiel publié mardi par le porte-parole du gouvernement Abderaman Koulamallah. L’attaque a également fait une vingtaine de blessés, selon des sources militaires.
« Le gouvernement appelle la communauté internationale à intensifier son soutien et à renforcer l’aide dans la lutte contre le terrorisme en particulier dans la région du Sahel et du bassin du Lac Tchad », affirme le communiqué officiel. « Une action collective et déterminée est indispensable pour éradiquer ce mal qui menace la stabilité et le développement de toute la région », poursuit le texte.
Le Président Mahamat Idriss Déby a donné lundi le coup d’envoi d’une contre-offensive, l’opération Haskanite, et « les forces de sécurité sont actuellement en pleine poursuite des assaillants », selon le communiqué.
De son côté, l’ambassade de France au Tchad a assuré mardi dans une publication sur Facebook que « la France se tient aux côtés du Tchad dans la lutte contre le terrorisme », en adressant ses condoléances aux autorités et aux familles des soldats, et alors que le Tchad reste le dernier pays du Sahel à héberger des soldats français à la demande des autorités tchadiennes, dans le cadre d’un partenariat sécuritaire conjoint.
Enclavé, coincé entre la Centrafrique, le Soudan, la Libye et le Niger, le Tchad se voit désormais encerclé par des pays accueillants – à divers titres – des forces paramilitaires russes, à l’image de Wagner ou l’Africa Corps.
2 millions de déplacés depuis 2009
Bien que le Président Mahamat Idriss Déby se soit rapproché de la Russie ces derniers mois, les échanges entre les deux pays sur un possible renforcement de leur coopération économique et militaire ne semblent pas s’être concrétisés.
Les soldats tchadiens sont fréquemment ciblés par les attaques de Boko Haram dans la région du Lac Tchad, vaste étendue d’eau et de marécage parsemée d’îlots qui abrite les combattants du groupe jihadiste ou de sa branche dissidente, l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap, selon l’acronyme en anglais).
L’insurrection de Boko Haram est apparue en 2009 au Nigeria, où elle a fait depuis quelque 40 000 morts et plus de 2 millions de déplacés, avant de se propager dans les pays frontaliers.
En mars 2020, le groupe avait mené une offensive sanglante sur une autre base militaire de la région du lac Tchad, faisant une centaine de morts – les plus lourdes pertes jamais enregistrées par l’armée tchadienne.
Dans ces conditions, le Tchad reste l’un des remparts régionaux les plus solides dans le cadre de la lutte antiterroriste, de par la résilience de son armée, les ripostes d’envergure à l’image d’Haskanite, l’Opération Colère de Bohoma avant elle, et les initiatives actuelles portées conjointement par les autorités et les organisations de la société civile (OSC), pour leur participation à l’effort de sécurité. Mieux inclure les communautés du bassin du Lac Tchad : c’était une des mesures au cœur du plan d’action présenté mercredi par les OSC de la sous-région, à l’issue de leur réunion à N’Djamena.
Après l’attaque, le Président Mahamat Idriss Déby a prévenu que son opération de représailles Haskanite allait permettre de traquer les assaillants « jusque dans leurs derniers retranchements ». Le Premier ministre par intérim, Abderahim Bireme Hamid, a également affiché sa détermination face à Boko Haram au micro de RFI : « Cette opération militaire de grande envergure est une réponse juste et légitime à la forfaiture ignoble des forces du mal, qui ont eu l’audace d’attaquer les positions de nos soldats en mission sacrée. Il est question de traquer, de débusquer et d’anéantir la capacité de nuisance de Boko Haram et de ses affiliés. Les terroristes paieront cher le prix de cet affront. […] Cette opération « Haskanite » ne sera pas seulement une réponse à la violence, mais un acte de solidarité envers ceux qui souffrent. C’est à juste raison que le Président de la République, après le lancement de l’opération, est resté sur le terrain, et suit personnellement la conduite de l’opération de riposte ».