La grogne monte au sein du corps médical tchadien. Réunis en assemblée, les médecins, par la voix du Syndicat des Médecins du Tchad (SYMET), dénoncent leurs conditions de travail et réclament l’application du statut particulier promis depuis le Dialogue National Inclusif (DNI). Face à l’inaction du gouvernement, ils interpellent les autorités et menacent de reprendre la grève si leurs revendications ne sont pas satisfaites.
Un manque alarmant de médecins
Le Tchad affiche un déficit préoccupant en personnel médical. Avec 2 701 médecins pour 17 millions d’habitants, le pays se situe bien en deçà des normes de l’OMS, qui recommande 1 médecin pour 731 habitants. À titre de comparaison, au Tchad, un médecin doit prendre en charge plus de 22 000 personnes.
Malgré une récente annonce du gouvernement sur l’intégration de 500 nouveaux médecins, le syndicat estime qu’il en faudrait près du double pour combler le manque.
Des salaires jugés dérisoires

Au-delà du déficit de personnel, les médecins dénoncent également la faiblesse de leur rémunération. Actuellement, un médecin généraliste perçoit 172 000 FCFA de salaire de base, une somme jugée insuffisante par le SYMET, au regard du niveau d’études et des responsabilités de la profession.
Le syndicat pointe également l’absence de différenciation salariale entre les médecins généralistes et spécialistes, ces derniers devant pourtant effectuer cinq années d’études supplémentaires après leur doctorat.
Un statut particulier toujours en attente
Les médecins réclament l’application du statut particulier, une promesse gouvernementale inscrite dans le Pacte social triennal de 2024. Malgré cet engagement, aucune avancée concrète n’a été constatée, alimentant la frustration du corps médical.
Le paiement des arriérés de primes figure également parmi les revendications prioritaires. Le syndicat appelle la direction de la Solde à accélérer la régularisation des dossiers en attente.
Un délai d’une semaine avant une nouvelle mobilisation

Dans un souci de dialogue, les médecins ont décidé d’observer une pause d’une semaine dans leur mouvement de grève. « Nous laissons ce temps aux autorités pour proposer des solutions concrètes. Mais si rien ne bouge, nous reprendrons la mobilisation », a averti Dr Moussa Kalil, président du SYMET.
Les regards se tournent désormais vers le Président de la République, Mahamat Idriss Déby Itno, dont l’implication est vivement sollicitée pour débloquer la situation.
Le compte à rebours est lancé : à défaut de réponses satisfaisantes, les médecins pourraient durcir leur mouvement dans les jours à venir, avec des conséquences préoccupantes pour le système de santé tchadien.