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Les européennes dans le viseur, Emmanuel Macron maintient le cap

Les réponses apportées, jeudi, par Emmanuel Macron après trois mois de grand débat national ont illustré sa volonté de maintenir en l’état ses orientations politiques tout en coupant l’herbe sous le pied de ses principaux adversaires aux européennes.

« Après le grand débat, rien ne sera comme avant », avait promis début avril la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, dans un entretien au Parisien. Force est de constater que le cap tracé par Emmanuel Macron, jeudi 25 avril, ressemble en réalité en tout point, ou presque, à celui qu’il avait fixé il y a deux ans lors de son arrivée à l’Élysée.

« Je pense très profondément que les orientations prises durant ces deux premières années, à bien des égards, ont été justes », a d’ailleurs affirmé le chef de l’État au début de son propos, assurant que « les transformations en cours et les transformations indispensables à faire dans notre pays ne doivent pas être arrêtées ».

Ceux qui espéraient un changement de politique radical pour répondre à l' »injustice fiscale, territoriale et sociale » exprimée, selon Emmanuel Macron, par le mouvement des Gilets jaunes et par les Français à l’occasion du grand débat nationalont sans doute été déçus. Si le président de la République, qui a promis « une nouvelle méthode » et une « nouvelle manière » de gouverner, a reconnu s’être demandé s’il faisait « fausse route », sa réponse fut sans équivoque : « Je crois tout le contraire », a-t-il tranché, estimant au passage que ses réformes commencent à porter leurs fruits.

Jeu d’équilibriste sur l’âge de départ à la retraite

À défaut de rétablir l’impôt sur la fortune (ISF), d’annoncer des mesures fortes pour lutter contre l’évasion fiscale, de mettre en place le référendum d’initiative citoyenne (RIC), de reconnaître le vote blanc, de supprimer la TVA sur les produits de première nécessité, d’annoncer le recrutement de personnels hospitaliers ou d’enseignants pour les écoles, les réponses apportées par le président de la République, jeudi soir, visaient davantage à couvrir des « angles morts » de sa politique, selon ses propres mots.

Les problématiques liées aux territoires oubliés de la République ont ainsi figuré en tête de ses priorités. Emmanuel Macron a d’abord promis « un nouvel acte de décentralisation » pour 2020, sans oublier de souligner l’importance des élus locaux. Il a également tenté de rassurer sur la présence des services publics : aucune fermeture supplémentaire d’école ou d’hôpital n’aura lieu d’ici la fin de son quinquennat et qu’une « profonde réforme de l’administration » sera présentée en mai. Celle-ci visera à déployer « plus de fonctionnaires sur le terrain » tout en supprimant des postes « en administration centrale ». Dans cette optique, le chef de l’État a annoncé la création dans chaque canton, d’ici 2022, de lieux appelés « France Services » dans lesquels seraient regroupés plusieurs services publics.

Les classes moyennes payant l’impôt sur le revenu (IR) étaient également au programme du président. Ce dernier leur a promis une baisse de 5 milliards d’euros de l’IR qui sera financée par la suppression de certaines niches fiscales pour les entreprises, par la baisse de la dépense publique et par des départs retardés à la retraite. Sur ce dernier point, Emmanuel Macron joue les équilibristes : il tient sa promesse électorale de maintenir l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans, mais annonce en même temps qu’il faudra à l’avenir travailler plus longtemps pour bénéficier d’une retraite à taux plein.

Emmanuel Macron reprend les thématiques de la droite

Enfin, après être revenu en décembre sur la hausse de la CSG pour les retraités qui perçoivent moins de 2 000 euros par mois, Emmanuel Macron a promis de réindexer sur l’inflation les retraites inférieures à ce même montant à partir de 2020 et d’étendre la mesure à l’ensemble des retraités à partir de 2021. Le président de la République a également exprimé son souhait qu’aucune pension de retraite ne soit, à terme, inférieure à 1 000 euros par mois pour ceux ayant une carrière complète.

Territoires, impôts des classes moyennes, retraités : tout en répondant aux préoccupations réelles de certaines catégories de Français, Emmanuel Macron parvient par la même occasion à couper l’herbe sous le pied de Laurent Wauquiez (Les Républicains) et de Marine Le Pen (Rassemblement national), dont les critiques à son encontre portent presque systématiquement sur ces trois thèmes.

Et pour se prémunir de ses deux principaux adversaires aux élections européennes du 26 mai, le président est allé encore plus loin : il a plaidé pour un débat annuel au Parlement sur la politique migratoire, évoqué une refonte de l’espace Schengen et mentionné « un islam politique qui veut faire sécession avec notre République ». L’immigration, les frontières et la lutte contre l’islamisme radical ont pourtant été des sujets très peu abordés par les Français lors du grand débat national. Emmanuel Macron vient néanmoins de les installer comme des questions majeures du prochain scrutin européen.

 France 24

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