C’est une première. Emmanuel Macron reçoit ce 22 mai à l’Élysée le maréchal Haftar. Ce dernier s’entretiendra pour la première fois en tête à tête avec le président français. Il y a deux semaines, c’était Fayez el-Sarraj, le Premier ministre du gouvernement d’union nationale, qui était reçu à Paris. L’objectif de cette rencontre est de relancer le processus politique alors que les combats se poursuivent dans la banlieue sud de Tripoli entre les troupes du maréchal Haftar et les forces loyales à Fayez el-Sarraj. L’homme fort de l’Est libyen a lancé une offensive sur Tripoli le 4 avril dernier. Le maréchal Haftar que Paris, même s’il s’en défend, est depuis longtemps accusé de soutenir en sous-main.
Pour le chercheur Jalel Harchaoui, les choses n’ont guère changé depuis le 4 avril dernier. Selon lui, la France soutiendrait toujours l’homme fort de l’Est libyen. Ce spécialiste de la Libye en veut notamment pour preuve l’absence de condamnation par Paris de l’offensive du maréchal Haftar sur Tripoli.
« Ce que le gouvernement reconnu internationalement de Tripoli souhaitait, c’est ce qui explique la visite récente du Premier ministre Sarraj, c’est que la France dise de manière claire que le fait qu’il y ait 15 morts par jour depuis six semaines dans la zone de Tripoli, c’est dû à une décision unilatérale du maréchal Haftar. Et cela, la France refuse de le faire. Ce que Paris a fait jusqu’ici, c’est de déplorer que les choses plutôt violentes. »
Régulièrement accusée de le soutenir en sous-main, la France avait bien été forcée de reconnaître à l’été 2016 qu’elle lui avait apporté un soutien technique, et ce après le crash d’un hélicoptère dans l’est de la Libye au cours duquel trois soldats des forces spéciales françaises avaient trouvé la mort. Un soutien pour combattre le terrorisme, se justifie-t-on au Quai d’Orsay. Que peut-il alors sortir d’une telle rencontre à l’Élysée aujourd’hui ?
« Ce qui serait idéal, ce serait pouvoir annoncer une espèce de mesure de trêve ou de cessez-le-feu qui puisse, dans la réalité, accommoder le maréchal Haftar qui commence à être, d’un point de vue militaire, un peu fatigué, et en même temps pouvoir améliorer en quelque sorte l’image de la France en disant : « Vous voyez, nous sommes plutôt pour la paix et pas pour la guerre » », poursuit Jalel Harchaoui.
Un cessez-le-feu dont Fayez el-Sarraj ne veut pas pour l’heure entendre parler, du moins sans qu’il ne soit question d’un retour des troupes du maréchal Haftar sur leurs positions d’avant le début de l’offensive sur Tripoli
Rfi