Le mouvement du samedi 12 janvier dernier est d’une ampleur nettement supérieure au samedi précédent, avec 84 000 personnes selon le ministère de l’Intérieur, au moins 92 000 selon la presse. À Paris, alors que plus de 8 000 personnes manifestent selon le gouvernement, un service d’ordre est pour la première fois organisé par les Gilets jaunes en coordination avec la préfecture de police.
À Bourges, où des internautes appelaient à se rassembler en présentant la ville comme étant au centre de la France (par opposition à Paris), plus de 6 000 personnes manifestent. Le même nombre de manifestants se rassemblent à Bordeaux et Toulouse.
Au total, la journée a mobilisée 80 000 agents des forces de l’ordre, et donne lieu à 244 interpellations et 201 gardes en vue. Elle voit le nombre de violences fortement reculer, avec néanmoins 24 blessés, dont deux en état d’urgence absolue.
Le mouvement des Gilets jaunes n’étant ni structuré, ni centralisé, ses revendications traduisent des aspirations très diverses. Selon des manifestants, les revendications ne concernent pas uniquement le prix des carburants. Pour Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, « le mouvement des Gilets jaunes est la cristallisation d’un mécontentement massif des Français sur le pouvoir d’achat, dont le révélateur est le carburant »
En rappel, le Mouvement des Gilets jaunes, est un mouvement social spontané apparu en France en octobre 2018. Il trouve son origine dans la diffusion sur les réseaux sociaux d’appels à manifester.
L’objectif premier du mouvement des Gilets Jaunes est le rejet de l’augmentation de la taxe intérieur de consommation sur les produits énergétiques (TICPE). Ensuite d’autres revendications s’élargit très rapidement sur les fiscalités et les sociales c’est-à-dire la hausse du pouvoir d’achat des classes moyennes et populaires, le maintien des services publics, la taxation du kérosène et des fiouls maritimes, le rétablissement de l’ISF… A cela s’ajoute aussi les revendications politiques telle que le référendum d’initiative citoyenne, l’amélioration de la démocratie représentative, la démission du président de la république…
À partir du 17 novembre 2018, le mouvement s’organise autour de blocages de routes et ronds-points et de manifestations nationales chaque samedi. Majoritairement soutenues par l’opinion publique, les protestations trouvent un fort écho dans les zones rurales et périurbaines, mais s’étendent aussi aux grandes villes, où des violences lors des manifestations hebdomadaires provoquent d’importants dégâts matériels et donnent lieu à de nombreuses arrestations.
Au début de l’année 2018, des mouvements protestataires spontanés se développent en France contre la réduction à 80 km/h de la vitesse sur une grande partie du réseau routier et contre le coût de la vie. Certains manifestants utilisent des gilets jaunes, mais cet accessoire n’est pas alors un signe de ralliement. La plupart des membres de ce mouvement, baptisé « Colère », se retrouvent ensuite au sein des Gilets jaunes.
À la différence des manifestations traditionnelles, coordonnées par des organisations syndicales, le mouvement des Gilets jaunes se lance et se développe initialement et uniquement via le web, au travers de médias sociaux (Facebook, Twitter, YouTube) ou de plateformes dédiées. Les réseaux sociaux jouent ainsi un rôle majeur de catalyseur dans la mobilisation des Gilets jaunes à travers la France.
Le pouvoir exécutif renonce finalement à la hausse de la TICPE et annonce des mesures, qui ne mettent cependant pas un terme à la contestation.