A la conférence internationale sur l’éducation des filles et formation des femmes qui s’est ouverte ce 18 juin à N’Djamena, le président de la République du Tchad, Idriss Déby Itno a déclaré que les efforts colossaux déployés par son pays et les partenaires au développement pour tenir le pari de l’éducation et de la formation des filles et femmes, n’ont pas toujours produit des résultats escomptés.
Pour Idriss Déby, si le rapport mondial de suivi sur l’éducation 2017-2018 démontre que le monde a atteint la parité entre les sexes à tous les niveaux, sauf dans l’enseignement supérieur, il n’en va pas de même pour toutes les régions, tous les pays et les groupes de revenus.
« Au Tchad, l’indice de parité fille/garçon est passé de 0,49 au primaire à 0,75 entre 1990 et 2015, de 0,30 à 0,45% au 1er cycle du Secondaire et de 0,23 à 0,28 au 2nd cycle », a souligné Déby avant d’ajouter que l’étude récente sur la scolarisation des filles, montre aussi que sur les 84% des filles interrogées estiment que ce sont les causes en lien avec le mariage qui les conduisent à abandonner l’école.
86% de femmes tchadiennes sont analphabètes
Les données démographiques montrent que 86% des femmes sont analphabètes. Ce faible taux d’alphabétisation couplé à celui de la scolarisation est selon le Chef d’Etat tchadien, ce qui rend peu efficace la participation de la femme au développement du pays.« Pour inverser la tendance, le Gouvernement a lancé des actions fortes à la fois sur les terrains politiques, institutionnels et pédagogiques. Outre les reformes des curricula qui sont entreprises pour briser tous les stéréotypes en lien avec le sexe, notre pays a adopté une loi portant interdiction du mariage des filles de moins de 18 ans », a soufflé Idriss Déby Itno.
Promotion de l’enseignement scientifique
Pour permettre un taux important dans les disciplines scientifiques, le gouvernement du Tchad a créé 24 lycées scientifiques et a lancé le recrutement de 1439 enseignants scientifiques. « La remise des prix d’encouragement et l’octroi des bourses aux filles ayant les meilleures notes dans les disciplines scientifiques et technologiques constituent des initiatives pour encourager celles-ci à opter pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques », a renseigné le président de la République.
Education des réfugiés
Le Tchad accueille aujourd’hui plus de 450 000 réfugiés dont au moins 180 000 sont en âge scolaire. Les femmes représentent 55% de cette population en déplacement. Ce qui accroît les besoins en matière d’éducation et de formation des filles et des femmes. « Le Gouvernement, fidèle à ses engagements internationaux et se basant sur l’hospitalité de son peuple, a pris, lors d’un séminaire gouvernemental dédié à l’éducation, la courageuse décision d’intégrer dans le plan sectoriel la question de l’éducation des réfugiés », renchérit-il.
Le vœu du président Déby
« Je forme le vœu que cette rencontre amène toutes les sommités intellectuelles, ici présentes, à développer des réflexions pointues et pertinentes en vue d’identifier les contraintes diverses liées à l’éducation des filles et à la formation des femmes et de proposer des mesures d’ajustement en lien avec nos défis », recommande le président Déby.
« Il faut que nos filles soient nombreuses à investir le territoire des écoles, collèges et lycées ». « Dans la même veine, la formation des femmes qui demeure notre souci permanent doit se faire en même tant que celle des hommes », a-t-il ajouté.
« La refondation de notre nation à l’ère de la 4ème République ne peut se réaliser sans la participation active, effective et dynamique des femmes ». « Il n’y aura jamais de développement si plus de 50% de nos concitoyens sont en marge du savoir », conclut Idriss Déby Itno.