Le syndicat des enseignants du Tchad (Set) et le syndicat national des professionnels de l’éducation du Tchad (Synapet) ont commémoré en commun accord avec l’union des syndicats du Tchad (Ust), ce 5 octobre 2018, la journée internationale des enseignants sous le thème : « Non à l’humiliation et à la misère des enseignants » et le thème général « Le droit à l’éducation, c’est aussi le droit à un personnel enseignant qualifié ». C’était au sein de la bourse du travail et au ministère des affaires étrangères dans le 3e arrondissement de ville de N’Djamena.
La journée internationale des enseignants se célèbre depuis le 05 octobre 1994. Cette journée est l’émanation de la signature de la recommandation de l’UNESCO/OIT de 1996 et 1997 concernant les conditions du personnel enseignant. Cette journée mise à part, est une opportunité offerte non seulement pour la retrouvaille mais aussi, permet à tout le corps enseignants d’avoir un œil rétrospectif et présent pour mieux affronter le futur.
Le Synapet a profité de ce moment pour exprimer son ras-le-bol, secrétaire générale adjointe Koumandial Marie Nanalbaye : « Peut-on parler d’une éducation de qualité à tous les enfants au Tchad avec cette pénurie d’enseignants qualifiés dans l’école tchadienne ? Le système éducatif tchadien compte plus de 72% des maîtres communautaires dans l’enseignement primaire dont beaucoup ne sont pas formés. Ce corps qui constitue le pilier de l’école tchadienne n’a-t-il pas droit à être qualifié ? Comment avec plus de 5O mois d’arriérés de subsides les maîtres communautaires peuvent-ils envoyer leurs enfants à l’école et assurer leur survie ? Comment demander aux enseignants de reprendre la craie lorsque leurs droits sont occultés, bafoués ? Comment comprendre le mutisme du gouvernement face à tout cela ? Nous fêtons notre journée édition 2018 sans le moindre plaisir, car souvenez-vous que la grève perdure ».
Pour la secrétaire, plusieurs raisons comme le découragement, la frustration, la nonchalance découlent d’un sentiment de mépris donnent à ce thème « Non à l’humiliation et à la misère des enseignants » lieu d’exister : « On parachute comme chef, au-dessus d’un vieux cadre supérieur, un stagiaire qui vient à peine de finir ses études, on nomme à un poste important, un militant d’un parti politique incompétent et zélé…on n’accompagne pas l’enseignant dans sa fonction, mais on exige de lui une performance ».
Cette situation angoissante des enseignants du Tchad, n’a pas laissé indifférent l’ust. Nalalta Félix trésorier général, représentant le président de l’ust a félicité synapet de son thème : « Non à l’humiliation et à la misère des enseignants ». Pour lui la situation que traversent tous les travailleurs est sans pareil. Il a profité de l’occasion pour lancer un appel à tous les travailleurs d’être soudés « Je tiens à féliciter cette solidarité syndicale avec la présence du représentant d’uset parce que c’est l’union qui fait la force. Actuellement où nous sommes, il faudrait qu’on soit solidaire et unis. Si nous ne sommes pas solidaires, nous ne pouvons rien obtenir. Nous n’allons pas baisser les bras face à ce gouvernement » a- t-il déclaré.
Pour Mbaïriss Ngartoïdé Blaise, secrétaire régional du Set « Il ne sert à rien de se tromper, aucun développement économique, social et humain ne peut se faire sans les enseignants ». Il poursuit en empruntant les mots d’un sage chinois : « Si vous voulez détruire un pays, inutile de lui faire une guerre sanglante qui pourrait durer des décennies et coûter chère en vies humaines. Il suffit de détruire son système d’éducation et d’y généraliser la corruption. Ensuite, il faut attendre 20 ans et vous aurez un pays constitué d’ignorants et dirigé par des voleurs ». Pour lui, les Etats puissants n’ont pas été construits par les armes mais par des architectes, des ingénieurs, des économistes et des autres qui sont les fruits des enseignants.
Cette fête, est l’occasion pour Blaise d’interpeller « ceux qui ont choisi l’éducation comme voie d’entrée à la fonction publique sans aucune vocation et ne manifestant aucun engagement sérieux dans l’exercice de leur fonction ».
Quelques recommandations ont été prononcées à l’endroit du gouvernement entre autres, la considération des enseignants comme principaux acteurs de développement humain et socio-économique, l’intégration sans délai des lauréats des écoles d’instituteurs, de l’INJS et des écoles normales supérieures du Tchad ainsi que la formation initiale et continue des enseignants pour une éducation de qualité aussi bien longtemps que les enfants tchadiens continueront à naître, la dotation des établissements scolaires en fournitures, manuels et matériels didactiques suffisants…