Le « jirisme » (Journaliste d’Intervention Rapide) menace fort ce dernier temps le milieu de la presse tchadienne. Le JIR est un journaliste qui ne vit que des per-diem, parcourant des événements en événement à la recherche de sa pitance journalière. Il peut dans une rédaction ou pas.
Cette pratique est devenue un souci pour les organisateurs de payer les journalistes aux couvertures des événements. D’autres, par peur des harangues des journalistes sollicitent un nombre limité. Mais le cas du dimanche 16 juin 2019, à la commémoration de la journée de l’enfant africain (JEA). Peut s’expliquer autrement même si les organisateurs jugent mieux la prestation de la presse publique.
C’est un évènement à grande envergeure. Mais l’on a remarqué quasiment l’absence de la presse privée. A part la télé et la radio Tchad nationale, l’agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE) et quelques organes étrangers, un reporter de tachad.com ayant pris part à cette cérémonie à titre privé et qui a voulu avoir quelques images par reflexe a dû être arrêter par la suite interdit de filmer. Parce qu’il n’est pas invité comme organe de presse.
Pourquoi les organisateurs n’ont pas invités les autres médias ? Ou le Ministère de la Femme et de la Protection de Petite Enfance et de la Solidarité Nationale a négligé les autres organes de presse ? Les organisateurs n’ont-ils pas pensé à l’aspect communicationnel ?
Voilà tant de questions que l’on se pose. Pourtant dans les autres évènements, il y avait toujours plus de 40 organes de presse présents. Invités ou pas tous recherchent de l’information sauf les JIR recherchent de l’argent.
Le per-diem ou l’information ?
Si les organisateurs d’un tel évènement ne veulent pas invités plusieurs organes de presse, certaines inquiétudes se justifient par manque de moyens financiers pour payer les per-diem des journalistes. Mais ce n’est pas une obligation de payer aussi le per-diem. En quoi cette modique somme serait-il un blocus pour la couverture médiatique ? Aucun texte de la profession n’oblige les organisateurs des événements à payer aux journalistes le per-diem.
A cause de per-diem, certains organisateurs voient les journalistes comme les mendiants et le pire est qu’après l’argent ils ont tendance à dire : écrit bien, ne dit pas ça, ne dit pas ceci… Suivi de fois des appels pourquoi tu n’as pas publié mon article, pourquoi tu as dit ça ou lieu de ça, etc.
5 000 FCFA ou 10 000 FCFA voire 2000 et 1000 FCFA selon les organisateurs suffisent pour un article ou un reportage. Pour un journaliste professionnel ce n’est pas ces miettes qui peuvent changer ou acheter la conscience. Ils se font remarquer par leur professionnalisme, n’exigeant rien. Mais les JIR (journalistes d’intervention rapides) ne s’y intéressent que pour assurer leur pitance journalière.
Couverture et recherche de l’information
Le travail de journaliste ne se limite pas qu’aux couvertures médiatiques (sollicitations extérieures) mais la recherche permanente de l’information est une exigence. Certains des confrères en quête d’information sillonnent les grandes artères, des marchés, institutions à travers des rendez-vous, des entretiens pour réaliser les reportages. D’autres attendent des sollicitations extérieures. C’est là où les JIR patrouillent dans les hôtels et certaines institutions se proposant des reporters de tel ou tel organe. Devant ceux-là, les attachés de presse et chargé de communication ne savent pas comment jouer avec de l’argent. « On ne vous pas invité ! On ne vous connaît pas, …», ce sont des refrains.
Là où le bât blesse, les JIR sont mieux payés que les vrais journalistes. L’on peut citer en exemple : lors de la célébration de la fête de travail le 01 mai au stade de Paris-Congo par l’union des syndicats du Tchad (UST) et à la place de la nation par la confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT) à la place de la nation, des cérémonies à la maison des média du Tchad, au CEFOD…
Il faut dire que le phénomène de journaliste d’intervention rapide (JIR) gagne le milieu de la presse tchadienne. Des diverses raisons peuvent expliquer cette pratique qui n’honore pas l’éthique et déontologie du métier de journalisme. Le traitement précaire des journalistes obligeant certains à devenir des JIR même si bien ils ont dans une rédaction, gagne-pain pour d’autres parce que, il est facile de trouver des jetons auprès des organisateurs pour valider sa journée comme pensent-il : « le gombo est validé », Y-a-t-il un dernier message ? Ils ont bien parlé ?… sont autant des codes que glissent entre eux.
Dans les deux pratiques du métier de journalisme, la responsabilité est partagée. La responsabilité des responsables des organes de presse et des journalistes eux-mêmes à assainir cette noble profession est interpelée.