Ce samedi 17 août 2019, les militaires et les chefs de file de la contestation s’apprêtent à signer, un accord historique en vue d’une transition dirigée par les civils pour attendre les élections de 2022.
Après près de huit mois de mobilisation, les militaires au pouvoir et les meneurs du mouvement de contestation au Soudan s’accommodent à sceller, un accord qui va ouvrir la voie à un transfert du pouvoir aux civils. Une transfère dont la population soudanaise attend de voir la lumière jaillir sur sa liberté devant toutes les nations du monde.
La cérémonie de transfère se déroulera dans l’après après-midi de ce samedi à Khartoum sur les bords du Nil pour la signature des documents qui définissent les 39 mois de transition à venir.
39 mois de transition est longue pour espérer à une démocratie dans ce pays mais l’humeur est toutefois à la célébration dans la capitale où des dignitaires étrangers et des milliers de Soudanais attendent ce soir de voir pour la première fois dans l’histoire de ce pays les civils au commande du pouvoir.
L’accord conclu début août a mis fin à près de huit mois d’un mouvement de contestation inédit qui a mené à la chute du président Omar el-Béchir le 11 avril, resté trente ans au pouvoir, avant de se retourner contre les généraux du Conseil militaire de transition qui a pris sa succession.
Les premières étapes de la transition devraient suivre la signature avec l’annonce dimanche de la composition du Conseil souverain en majorité constitué de civils qui doit mener la transition. Mais déjà jeudi passé, l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), le moteur de la contestation, a désigné Abdallah Hamdok, un ex-économiste de l’ONU, pour devenir Premier ministre. Le Conseil souverain doit annoncer mardi s’il le confirme à ce poste.
Des élections sont prévues pour 2022 mais beaucoup de Soudanais doutent d’ores et déjà des capacités des institutions de transition à limiter le pouvoir de l’élite militaire.
Si ceux-ci sont minoritaires au sein des 11 membres du Conseil souverain qui doit gouverner 40 millions de Soudanais, celui-ci sera d’abord dirigé par un général pendant 21 mois. Et les ministres de l’Intérieur et de la Défense seront choisis par les militaires. « Les dynamiques politiques auront plus d’importance que des bouts de papier », affirme Rosalind Marsden, du groupe de réflexion Chatham House établi à Londres à France 24. « Le plus gros défi du gouvernement sera le démantèlement des (entités informelles) islamistes qui ont pris le contrôle de toutes les institutions de l’État et des secteurs clés de l’économie », ajoute-t-elle.
Les grands absents de la cérémonie de signature seront les groupes rebelles des régions marginalisées du Darfour, du Nil Bleu et du Kordofan. Le Front révolutionnaire soudanais, qui réunit ces groupes, a soutenu la contestation mais a rejeté la déclaration constitutionnelle de l’accord, exigeant de participer au gouvernement et davantage de garanties concernant le processus de paix les concernant.