À l’approche des élections législatives de 2024, le Mouvement Patriotique du Salut (MPS) se trouve confronté à un dilemme stratégique majeur dans le 3ᵉ arrondissement de N’Djaména. Ce fief historique du parti, considéré comme acquis depuis plusieurs années, pourrait devenir une zone de turbulences en raison des tensions internes liées à la présélection du candidat pour le seul siège en jeu.
Un seul siège, deux prétendants
Le 3ᵉ arrondissement, qui n’élit qu’un seul député, est au centre d’une compétition interne intense entre deux poids lourds du parti. D’un côté, Abba Djida Mammar, député sortant, qui occupe ce poste depuis près de 15 ans. Fort de son expérience et de son ancrage politique, il représente la continuité et la stabilité pour certains militants. De l’autre, Djibrine Soungui, une figure montante qui a su capter l’attention d’une nouvelle génération de jeunes militants, désireux de changement et de renouveau politique.
Cette rivalité a profondément divisé le parti dans cet arrondissement, où les partisans de chaque candidat s’affrontent sur le terrain des idées. Si certains plaident pour la réélection d’Abba Djida Mamar, mettant en avant son expérience et sa longévité au sein de l’Assemblée nationale, d’autres estiment qu’il est temps d’offrir une chance à Djibrine Soungui, qu’ils perçoivent comme un candidat capable de moderniser l’image du MPS auprès des jeunes électeurs.
Une division qui pourrait coûter cher
Le choix de la présélection du candidat est particulièrement délicat pour le MPS. Selon plusieurs observateurs politiques, une mauvaise gestion de ce processus interne pourrait non seulement affaiblir le parti dans cet arrondissement, mais aussi briser l’élan de ses militants les plus actifs. Le risque est réel : la rivalité entre les deux prétendants pourrait non seulement diviser les électeurs du MPS, mais aussi ouvrir une brèche pour des partis d’opposition, prêts à capitaliser sur ces tensions internes.
« Le 3ᵉ arrondissement a toujours été un fief du MPS, mais cette fois-ci, la situation est différente. Si le parti ne fait pas le bon choix, il pourrait perdre ce siège, même face à une opposition moins structurée », explique un analyste politique tchadien. En effet, plusieurs formations politiques locales se préparent à entrer dans la course, comptant sur une éventuelle division du vote MPS pour tirer leur épingle du jeu.
Un défi pour la cohésion du parti
Pour le MPS, l’enjeu va bien au-delà du 3ᵉ arrondissement. Ce défi met à l’épreuve sa capacité à maintenir l’unité au sein de ses rangs, à un moment où le parti doit faire face à une jeunesse de plus en plus exigeante et à des électeurs en quête de renouvellement. Le choix du candidat sera déterminant non seulement pour remporter l’élection, mais aussi pour préserver l’unité du parti sur le long terme.
Certains cadres du MPS plaident en interne pour un consensus, espérant éviter une fracture au sein du parti. Cependant, la tâche s’annonce ardue. Chaque camp reste fermement attaché à son candidat, rendant la recherche d’un terrain d’entente de plus en plus difficile.
Un test politique pour le parti de Bamina
La situation dans le 3ᵉ arrondissement est également un test direct pour la direction nationale du MPS, dirigée par Mahamat Zene Bada Abbas, qui doit démontrer sa capacité à gérer les crises internes et à faire les choix stratégiques nécessaires pour maintenir son emprise électorale. Dans un contexte où la concurrence politique s’intensifie, cette bataille interne pourrait devenir un symbole de la manière dont le parti gère les défis de renouvellement de son leadership et de son programme.
La présélection du candidat du MPS dans le 3ᵉ arrondissement est donc bien plus qu’une simple décision locale. Elle pourrait avoir des répercussions à l’échelle nationale, notamment en ce qui concerne la perception des électeurs quant à la capacité du parti à se moderniser tout en maintenant sa cohésion interne.
Le pari du rassemblement
Pour les militants du MPS, le message est clair : il faudra un candidat capable de rassembler et d’éviter les divisions, faute de quoi le parti risque de payer cher son indécision. Le défi est donc de taille : comment concilier l’expérience d’un député en place depuis longtemps et les aspirations au renouveau d’une jeunesse qui souhaite une nouvelle dynamique ?
L’issue de cette présélection sera décisive pour le MPS, qui devra relever le défi de rester uni dans un contexte de compétition électorale accrue. Les prochaines semaines s’annoncent cruciales pour le parti, qui devra faire preuve de diplomatie et de stratégie pour maintenir son emprise sur cet arrondissement clé et, par extension, sur la scène politique tchadienne.