L’artisan est propriétaire d’un savoir-faire, qui demande un degré plus ou moins important d’expertise selon la spécialisation. Cette compétence est un acquis, reposant sur une connaissance assimilée suite à un apprentissage dans une école ou université professionnelle. Au Tchad, ceux qui embrassent cette profession le font avec enthousiaste, amour et passion mais vivre de cela reste un autre problème. Le plus grave, ce métier tant à disparaitre.
Le Tchad est un carrefour de la civilisation. Pour conserver quelques patrimoines culturels, les artistes sculpteurs ayant suivis de formation ou pas en la matière, sculptent les objets à base de bois voire utilisent les buchettes d’allumette et autres pour laisser la trace de la civilisation africaine et en particulier tchadienne à la génération future. Ces artistes sculpteurs résident pour la plus part le Sud du Tchad dans lequel, il est facile de trouver les matières premières dans le cadre de leur travail. M. Djobaye Madjingaye, est un artisan rencontré au festival Dary qui a pris fin, il y a une semaine environ, utilise les buchettes d’allumette pour faire toutes ses œuvres artistiques/artisanales. « Au Tchad, il est difficile de vivre de ses arts. Beaucoup de gens que je n’arrive pas à les compter aiment mes arts mais quant à l’achat, c’est un problème. Parfois, je monte un objet ça fait six mois à un an d’abord quelqu’un vient de l’Europe l’acheter. Ici chez nous, très peu en achète ». Nous confie M. Djobaye. Pour survivre et élever ces 13 enfants et ses 10 petits fils, Djobaye est obligé de faire de l’élevage des volailles et de l’agriculture.
Tous ceux qui se trouvent dans ce métier sont majoritairement des personnes de soixantaine révolue. M. Bégoto Hassane âgé plus de 60 ans, est un artisan originaire de Sarh formé au centre artisanal de sa terre natale estime pour sa part fructueux ce métier : « Comme je suis un retraité, je me suis mis dans ce travail pour survivre. J’aime beaucoup mon métier. Si ce n’est pas ça, je ne saurais vraiment que faire ». Bégoto Hassane, utilise de son côté le bois pour sculpter, les objets tels que : des statuettes, les chevaux, des cases, la ache etc.
Pour ces artisans rencontrés, ce milieu n’a plus des jeunes de nos jours, puisqu’il y a l’absence totale du centre de formation et le silence des jeunes face à ladite formation « Les jeunes ne veulent pas s’approcher de nous pour apprendre. Et au lieu de nous ouvrir quelques écoles pour former les jeunes, l’État n’a fait que retarder et finalement nous sommes tous retraités puisqu’il n’y a plus personne au centre artisanal de Sarh, Abéché et N’Djamena. Nous ne voulons pas mourir sans toutefois partager avec nos fils et petits frères tout ce que nous avons appris et nous connaissons ». Ces artistes, la plus part a été formée par les expatriés au centre de Sarh.
Les plus chers de la fabrication artisanale au Tchad, coûtent à partir de cinquante mille à cent cinquante mille francs CFA et les moins chers de cinq mille à quinze mille de FCFA.
Selon la Chambre de Commerce, d’Industrie, de l’Agriculture, des Mines et d’artisanat (CCIAMA) du Tchad, il est mis sur pied une structure de développement du secteur de l’artisanat au Tchad depuis 1976, l’inclusion de l’artisanat en 2009 comme secteur dans l’organigramme du Ministre du Développement Touristique, de la Culture et de l’Artisanat et la création d’une direction générale de l’artisanat en 2011. Tout ceci pour booster ce milieu qui est en souffrance.
Si rien ne se fait pour promouvoir la survie et la continuité de la formation des jeunes dans ce cadre de la sculpture, l’on ne pourrait au futur parler de la sculpture au Tchad.