C’est pour informer le public sur les nouveaux arrêtés qui abrogent la loi n° 014 portant protection de l’environnement au Tchad qui peine, depuis quelques années, à être intégralement appliquée. La salle de réunion de la Commission du bassin du Lac Tchad (CBLT) de N’Djaména a servi de cadre à cette rencontre avec la presse, le vendredi 13 avril 2018.
Ces textes légaux prennent en compte tous les aspects de la protection de l’environnement. L’arrêté n° 004 met l’accent sur l’interdiction des transactions relatives aux infractions commises en matière de forêts, de la faune et des ressources halieutique. L’arrêté n° 005 concerne l’abrogation des arrêtés n° 068, 067, 078, 145, 002 et l’arrêté n° 293 est relatif à la création des zones homologuées pour l’approvisionnement de la ville de N’Djaména en bois-énergie, création, attribution, composition et fonctionnement d’une équipe centrale de gestion de la filière bois-énergie, affectation des agents chargés de l’encadrement, du contrôle et de la sécurisation des activités d’approvisionnement en bois-énergie. A ceux-là s’ajoute, l’arrêté n° 021 portant relève et appel à N’Djaména de tous les agents des Eaux et Forêts, Pêche et Chasse ainsi que tous les militaires détachés ou reversés au ministère en charge de l’Environnement. Enfin, l’arrêté n° 022 ayant trait à l’interdiction du transport et de la commercialisation du bois-énergie sur le territoire national.
Le ministre de l’Environnement, de l’Eau et de la Pêche, par ailleurs initiateur de ces arrêtés, Sidick Abdelkérim, constate que ces dernière décennies, les forêts, la faune, la flore, les eaux souterraines, les eaux de surface, les sols et l’air subissent une dégradation intense et accélérée. Il pointe du doigt la responsabilité de l’homme à travers la déforestation massive et la destruction de la biodiversité. Il révèle que cette situation fait en sorte que les Tchadiens également subissent les effets du changement climatique de manière sévère, les sécheresses récurrentes, l’assèchement du Lac Tchad, l’avancée du désert, la rareté des pluies et la canicule. Il indique que ces menaces ont été perçues par les plus hautes autorités du pays qui ont intégré la question de la protection de l’environnement dans la constitution de la République en son article 52 qui stipule que « tout citoyen a le devoir de respecter et protéger l’environnement ».
L’abrogation intégrale de la loi n° 014
Sidick Abdelkérim Haggar reconnaît que malgré les efforts et les dispositifs juridiques et légaux, la protection de l’environnement est loin d’être assurée au Tchad avec comme conséquences la déforestation accélérée, le braconnage, la pollution, la dégradation des sols et les feux de brousse. Il reconnaît que ces résultats mitigés s’expliquent par la non application des lois et règlements en vigueur en matière de protection de l’environnement ainsi que leur insuffisance. Il qualifie l’action de l’homme ayant conduit à la destruction de l’environnement d’actes criminels. « C’est pourquoi nous avons décidé d’agir en synergie avec mes collègues en charge de la Sécurité publique, de la Justice et celui de la Défense pour protéger l’environnement ». Il demande ensuite aux journalistes de relayer l’information à la population, surtout des informations relatives à la conférence conjointe portant interdiction de la coupe abusive de bois, de la vente et de la commercialisation, l’organigramme du ministère de l’Environnement, de l’Eau et de la Pêche créant la Garde forestière et faunique. Il n’a pas omis l’élaboration d’une nouvelle stratégie anti-braconnage, la réorganisation des services déconcentrés, la mise en place d’une procédure diligente pour traduire devant les juridictions tous les délinquants pris en flagrant délit. La mise en place des énergies de substitution où aux bois-énergie : gaz butane, réchaud Toumaï et charbon industriel afin d’amoindrir la situation précaire des couches vulnérables a été aussi rappelée. Il rassure que cette décision sera appliquée dans toute sa rigueur aux populations du monde rural dont la vie est liée à l’utilisation de bois.
Les ministres Ahmat Mahamat Bâchir et Bichara Issa Djadallah soulignent que cette décision entre dans la droite ligne de la lutte contre le réchauffement climatique souvent évoquée par les chefs d’Etat. C’est pourquoi ils rassurent celui de l’Environnement, de l’Eau et de la Pêche quant à leur soutien sans faille dans cette bataille. Ils mettent en garde les militaires et leurs complices étrangers sur la question du braconnage qui est devenu monnaie courante dans le Mayo-Kebbi Ouest ces derniers temps. « Tout militaire pris en flagrant délit sera radié de l’Armée, solidarité gouvernementale oblige », avertissent-ils.
Sources: atpe