L’administration Trump ne cesse d’ignorer les leçons de
l’histoire qui ont permis la chute de l’URSS.
De tous côtés de l’échiquier
politique, de plus en plus de commentateurs parlent de la
relation en voie de détérioration avancée entre la Chine
et les États-Unis comme d’une nouvelle Guerre froide. Comme certaines personnes s’en souviendront peut-être, vu les différences
importantes entre les deux situations, m’est avis que l’analogie avec
l’ancienne rivalité entre les États-Unis et l’Union soviétique mérite d’être
considérée avec un certain scepticisme.
Qui dit prudence dans l’analyse ne dit
pas nécessairement inutilité de toutes les leçons du passé pour les décisions politiques
à prendre aujourd’hui. Pourquoi les États-Unis ont-ils fini par triompher de
leur adversaire soviétique ? Quels avantages rendaient cette victoire plus
probable et comment les leaders américains les ont-ils exploités ? Comment
cette période de l’histoire pourrait-elle aider les Américains à garder le
dessus sur la Chine dans les décennies futures ?
Voici cinq leçons importantes à tirer
de la Guerre froide, des leçons qui devraient guider la politique étrangère
américaine contemporaine. Alerte spoiler : Donald Trump a ignoré ou enfreint
chacune d’entre elles.
Leçon n°1 : assurez-vous d’avoir les
bons alliés
En partie, les
États-Unis ont gagné la Guerre froide parce que leur économie de marché était
plus importante, diversifiée et efficace que la planification centrale de type
soviétique. Mais que les principaux alliés de l’Amérique aient aussi été aussi
beaucoup plus riches et puissants que la plupart des États clients
soviétiques a aussi été d’un grand secours. Comme le soulignait le diplomate
américain George Kennan dans sa théorie de l’endiguement, à long terme, la
victoire résidait dans le maintien des «centres
clés de la puissance industrielle» (soit l’Europe occidentale et le
Japon) alignés avec l’Ouest et hors des mains soviétiques. Voilà ce qu’était
réellement l’endiguement.
Un objectif
directement à l’origine de la formation de l’OTAN et de la construction d’un
système d’alliances en étoile en Asie, qui allait lourdement faire pencher la
balance du pouvoir du côté de l’Ouest. L’Union soviétique était peut-être la
deuxième économie mondiale et une formidable puissance militaire, ses alliés
étaient beaucoup plus faibles que ceux des États-Unis. Au total, les États-Unis
et leurs alliés pouvaient compter sur une population environ 25% plus nombreuse
que le réseau soviétique, près de trois fois le PNB combiné et une légère
avance sur le plan des forces armées –avec des dépenses supérieures d’environ
25% chaque année par rapport au bloc soviétique.
Comme je l’expliquais déjà en 1987, ce déséquilibre de
pouvoir en faveur de l’Amérique était lui-même le résultat de quatre avantages
clés. Premièrement, l’économie américaine était en elle-même puissante.
Deuxièmement, les États-Unis étaient éloignés des grands centres de la
puissance mondiale, tandis que l’Union soviétique et les pays du Pacte de Varsovie étaient juste à côté. Cette
menace immédiate aura poussé la plupart des pays d’Europe et de nombreux pays
d’Asie à s’allier aux États-Unis. Troisièmement, la doctrine militaire
soviétique mettait l’accent sur la conquête offensive, ce qui renforçait
d’autant cette impression de menace, et Moscou n’a jamais abandonné son projet
formel de propager la révolution socialiste au monde entier, ce qui rendait les
États non communistes encore plus nerveux. Et plus l’URSS essayait de compenser
la faiblesse relative de sa position en renforçant sa puissance militaire, plus
les autres États voulaient s’aligner sur les États-Unis.
Parallèlement, les États-Unis ont pu
bénéficier d’une politique du «diviser pour mieux régner» vis-à-vis de leurs
rivaux communistes. La focalisation sur le prétendu monolithe communiste au
début de la Guerre froide s’est ensuite muée en politique plus réaliste,
notamment en 1972 avec la main tendue de Richard Nixon à la Chine. Une décision
qui laissera Moscou de plus en plus isolée et alourdira ses coûts stratégiques.
Au
lieu de diviser pour mieux régner, le président américain a rapproché les deux
géants asiatiques.
Qu’en est-il
aujourd’hui ? Jusqu’à présent, la présidence Trump a été un cas d’école pour
savoir ce qu’il ne faut pas faire
en matière de partenariats internationaux. L’Accord transpacifique a ainsi été abandonné au
quatrième jour de son mandat, ce qui met en péril la position stratégique des
États-Unis en Asie et offre à la Chine une victoire facile. Une erreur que
Trump a aggravée en lançant des guerres commerciales avec quasiment tout le
monde, y compris les alliés asiatiques de l’Amérique, et par son rapprochement
impulsif et mal fagoté avec la Corée du Nord.
Que Trump veuille
pousser l’Europe à prendre davantage en main sa propre défense n’est pas sans
mérite, mais insulter les dirigeants (es) européens (nes), les menacer des
guerres commerciales, attaquer l’UE et augmenter les dépenses de défense
américaines n’est pas la bonne façon d’y parvenir. Aux yeux des Européens, la
décision de Trump d’abandonner l’accord nucléaire avec l’Iran est une énorme bourde, qui laisse la réputation
des États-Unis toujours plus meurtrie en matière de perspicacité et de
fiabilité. Idem pour son choix de donner carte blanche à Israël, à l’Arabie
saoudite et à l’Égypte, ce qui n’a fait que renforcer les pires inclinations de
leurs gouvernements, sans produire le moindre avantage stratégique tangible
pour les États-Unis.
Résultat : Washington
subventionne toujours la défense européenne, qui se voit liée à des clients de
plus en plus problématiques au Moyen-Orient et mise dans une position toujours
plus faible vis-à-vis de la Chine. En outre, qu’importe la volonté initiale de
Trump, il a marché dans les pas malavisés de ses prédécesseurs avec la Russie,
ce qui n’a eu de cesse de consolider un partenariat stratégique entre Moscou et
Pékin. Au lieu de diviser pour mieux régner, il a rapproché les deux géants
asiatiques, alors que Moscou applique à merveille cette stratégie contre l’OTAN
et l’UE. Les États-Unis semblent avoir oublié cette leçon essentielle de la
Guerre froide, ce qui n’est visiblement pas le cas de leurs rivaux.
Leçon n°2 : investir dans la science, la technologie et l’enseignement
n’est pas un vain projet
Pouvoir disposer de
l’économie technologique la plus sophistiquée et la plus avancée au monde fut
un énorme atout pour les États-Unis. Non seulement elle alimentera une
croissance économique impressionnante, mais elle offrira également à l’armée
américaine une sérieuse avance sur son rival soviétique. Si, en 1957, le lancement de Spoutnik 1 avait pu faire
craindre la perte de l’avance scientifique et technologique des États-Unis, des
initiatives comme la National Defense Education
Act, loi promulguée en 1958 et favorisant l’enseignement dans le domaine de la
défense, donnèrent une nouvelle impulsion à son développement scientifique et
technique. Le retard de l’URSS ne cessera alors de se creuser dans la plupart
des domaines scientifiques.
Nota bene : en plus
d’encourager l’étude des sciences et des mathématiques, ces initiatives
visaient aussi l’enseignement des langues et cultures étrangères.
Par la formation d’experts (es) capables d’aider à la conception de politiques
adaptées aux échanges avec différentes régions, ces études spécialisées ont
également été cardinales dans l’issue de la Guerre froide.
À l’inverse,
l’administration Trump n’a visiblement que peu de
respect pour l’expertise scientifique –notamment dans
le domaine environnemental– et a tenté à deux reprises de dépouiller la
recherche scientifique de ses subsides fédéraux. Heureusement, le Congrès est
aussi intervenu à deux reprises pour rétablir et, dans certains cas, augmenter
le financement de la recherche. En matière de politique étrangère, Trump ne
semble pas non plus convaincu qu’une expertise dans le domaine soit nécessaire
pour mettre en œuvre des projets avisés. Dans le cas contraire, il n’aurait pas
confié à son gendre les clés de la politique étrangère américaine au
Moyen-Orient et aurait peut-être écouté les nombreuses voix qui voyaient dans
sa stratégie vis-à-vis de la Corée du Nord et de l’Iran un échec annoncé.
Par rapport à la
Chine, comment les États-Unis se portent-ils ? Sur le plan scientifique, la
Chine ne cesse de progresser, même si elle est encore
à la traîne dans de nombreux domaines par rapport aux États-Unis. Élément tout
aussi important : la Chine a formé un grand nombre d’experts (es) pour mener sa
diplomatie, tandis que les États-Unis ont réduit le Département d’État à néant
et se sont appuyés sur des amateurs sans formation idoine (les financiers des
campagnes électorales) pendant des décennies. Comme William Burns l’indique
sans ambages dans son récent The Back Channel, en méprisant autant la
diplomatie (et l’expertise régionale), l’Amérique se tire une énorme balle dans
le pied. Mais ce n’est pas l’avis de Donald Trump, persuadé d’être «le seul qui compte»
et qui pense pouvoir obtenir un accord nucléaire avec la Corée du Nord par le
charme ou les fanfaronnades.
Leçon n°3 : ouverture, transparence et responsabilisation
Aucun système
politique n’est parfait et même les fonctionnaires les plus dévoués (es) font
parfois de grosses erreurs. Mais les démocraties, avec leur tradition de
liberté d’expression et leurs médias actifs et vigilants, sont plus
susceptibles de reconnaître leurs erreurs et (finir par) les corriger[1].
Par exemple, les États-Unis ont clairement et longtemps fait fausse route avec
la guerre du Vietnam, mais ils ont ensuite réduit leurs coûts avec la vietnamisation,
pour enfin retirer complètement leurs billes, même s’ils auraient pu le faire
beaucoup plus tôt.
En revanche, le
système soviétique sclérosé –où la liberté d’expression était totalement
muselée– était à la fois économiquement inopérant et sujet à de graves
défaillances, que ce soit la guerre en Afghanistan, la brutalité du goulag, la
catastrophe de Tchernobyl ou les dommages environnementaux causés par les
longues années du règne communiste. Des catastrophes similaires ont aussi eu lieu dans
la Chine maoïste, avec notamment des millions de personnes mortes de faim durant
le Grand Bond en avant.
On notera que
l’ouverture, la transparence et la responsabilisation sont elles aussi en péril
aux États-Unis depuis un certain temps, et que l’administration Trump n’est pas
la première à manipuler les faits à sa guise ni à vouloir se protéger d’un
examen externe. Reste que le 45e président a
porté cette aversion pour la reddition de comptes au pinacle: les médias sont
pour lui des «ennemis du peuple»,
il ment sans vergogne et se donne un mal de chien pour garder sa propre
conduite, que ce soit comme candidat ou président, à l’écart de tout contrôle
légitime. À l’instar de n’importe quel putatif autocrate, il entend devenir le
seul arbitre de la vérité dans l’esprit du public, ce qui lui permet d’ignorer
ses erreurs et de tenir sa barre politique comme si de rien n’était.
Leçon n°4 : se caler dans les cordes fut une bonne stratégie
En 1974, Mohamed Ali
emportait la victoire sur George Foreman, un boxeur pourtant plus jeune, plus
grand et plus fort que lui, lors d’un match poids lourds au Zaïre. Le combat
eut lieu par une nuit chaude et humide, et la stratégie d’Ali –qu’il appelait
le rope-a-dope–
consista à se caler dans les cordes et à parer les attaques pendant que Foreman
allait s’épuiser dans un déluge de coups inefficaces. Le match se termina quand
Ali sortit des cordes au huitième round et mit Foreman K.O.
Il y a là une précieuse leçon stratégique à tirer. Comme
vu plus haut, au milieu des années 1950, les États-Unis étaient alliés à la
plupart des grandes puissances industrielles du monde. La coalition ainsi mise
sur pied dépassait largement l’Union soviétique et ses divers clients au niveau
de la capacité de production, de la puissance militaire, de la richesse, de la
légitimité publique et du bien-être général. Moscou rassemblait pour sa part un
certain nombre de régimes quasi marxistes ou socialistes du tiers-monde, sauf
que ces États relativement faibles ne renforçaient pas de beaucoup son alliance
internationale, surtout en comparaison de celle unie autour des États-Unis.
Si les États-Unis ont
essayé de saper ces arrangements (pour parfois y parvenir), ils se sont en
général bien moins fatigués à les compromettre que Moscou n’allait s’évertuer à
les sauvegarder. La goutte d’eau sera l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979, un
formidable accélérateur d’effondrement. Comme Ali, les États-Unis laissèrent
l’Union soviétique s’épuiser dans un déluge de coups inefficaces, que ce soit
le patronage de ses États clients ou ses guerres dispendieuses.
Ne vous y trompez pas :
les États-Unis ont eux aussi gaspillé énormément d’argent et de vies humaines
en menant des guerres accessoires comme celle du Vietnam, sauf que leur
économie était beaucoup plus forte et que la plupart de leurs alliés étaient
des atouts et non pas des fardeaux. Le rope-a-dope
fut une stratégie clairvoyante pour les États-Unis et contribua à
leur victoire dans la Guerre froide. La leçon : laissez vos adversaires
gaspiller de grosses ressources pour de maigres gains est une bonne stratégie.
Corollaire : assurez-vous que vos adversaires ne vous attirent pas dans ce même
piège et ne confondez pas un gros budget militaire avec le succès. Dépenser
plus n’est pas mieux si moins est plus que suffisant et, surtout, si cela nuit
à votre santé économique sur le long terme.
Trump
n’a toujours pas compris que pour en faire plus contre la Chine, il faut en
faire moins ailleurs.
Malheureusement, Trump
ne comprend visiblement rien de tout cela. Il est persuadé que jeter de
l’argent par les fenêtres d’un Pentagone d’ores et déjà mammouthesque (et
commander des parades militaires et des défilés aériens) va «rendre sa grandeur à
l’Amérique», sauf qu’il est bien plus probable que cela sape
durablement sa force économique. De même, alors qu’il avait pourtant promis
d’en finir avec «le business de la construction
de la nation», Trump a suivi l’exemple d’Obama et envoyé toujours plus de
troupes en Afghanistan. Il a aussi intensifié les initiatives internationales
de lutte contre le terrorisme, soutenu la futile guerre saoudienne au Yémen et
été à deux doigts de déclarer la guerre à l’Iran ces dernières semaines.
Certes, il a hérité de la plupart de ces politiques et semble résister aux pressions belliqueuses du secrétaire d’État
Mike Pompeo ou du conseiller à la sécurité nationale John Bolton, mais pourquoi
les avoir nommés à ces postes ?
Si les États-Unis sont
réellement en pleine nouvelle Guerre froide avec la Chine, alors il ne faut
plus perdre de temps, d’argent et de vies sur des questions périphériques, et
il est nécessaire de se focaliser sur la gestion de cette cruciale et
bilatérale relation. Ce qu’Obama a essayé avec son «pivot vers l’Asie» sans succès.
Jusqu’à présent, Trump n’a toujours pas compris que pour en faire plus contre
la Chine, il faut en faire moins ailleurs –et motiver d’autres pays à soutenir
ses efforts plutôt que de se battre aussi contre eux.
Leçon n°5 : les gentils pays gagnent toujours à la fin
Les États-Unis ne sont
pas le modèle de vertu que les Américains aiment à vanter, mais pendant la
Guerre froide, ils ont su tirer profit de la défense de la liberté, des droits
humains et d’autres valeurs politiques populaires. Les leaders américains ont
également compris l’importance de l’avancement
des droits civiques durant la Guerre froide, car une
plus grande égalité raciale avait de quoi rendre le pays attractif aux yeux des
sociétés non blanches du monde entier.
Bien évidemment, les
États-Unis ont également soutenu des régimes autoritaires lorsqu’ils pensaient
cela nécessaire et ont parfois méprisé de la manière la plus abjecte des
populations étrangères. Mais dans l’ensemble –et surtout par rapport à son
rival soviétique– les États-Unis paraissaient vouloir et défendre autre chose
que le pouvoir dans son plus simple appareil.
De même, les
dirigeants américains ont toujours traité leurs homologues avec respect, même
lorsqu’ils étaient secrètement en colère contre eux ou quand il leur fallait
plus généralement jouer les gros durs dans le contexte de l’alliance. Charles
de Gaulle n’a pas eu son pareil pour agacer les présidents américains, mais
jamais ils n’eurent le moindre mot de travers à son égard en public. Les
leaders américains savaient que dénigrer ou humilier leurs partenaires était un
carburant à ressentiment et pouvait miner l’unité de l’Ouest, et ont donc
toujours joué la main de fer dans un gant de velours. Parce qu’ils étaient
largement plus forts que les autres, les États-Unis ont généralement obtenu ce
qu’ils voulaient. Mais ses dirigeants ont eu la sagesse de ne pas s’en vanter,
de peur de susciter de l’animosité et d’entraver la coopération.
À l’inverse, le monde
communiste était une marmite de rancœur et d’inimitié fratricide. Le maréchal
yougoslave Tito et le dirigeant soviétique Joseph Staline sont rapidement
tombés en désamour après la Seconde Guerre mondiale, idem pour le Premier
secrétaire soviétique Nikita Khrouchtchev et Mao dans les années 1950. En 1969,
les troupes soviétiques et chinoises s’affrontèrent le long de l’Oussouri et
Moscou allait même envisager une frappe nucléaire
préventive contre l’arsenal nucléaire naissant de Pékin. Les relations au sein
du Pacte de Varsovie n’étaient pas non plus toutes roses et l’URSS dut
intervenir en Allemagne de l’Est (1953), en Hongrie (1956) et en
Tchécoslovaquie (1968) pour garder ces satellites sous sa coupe. Le Vietnam
communiste entra en guerre contre les Khmers rouges marxistes au Cambodge, ce
qui conduisit à un bref mais intense conflit frontalier entre le Vietnam et la
Chine. Malgré des désaccords politiques parfois graves, le système d’alliance
américain fut un modèle d’harmonie par rapport à son équivalent communiste
durant la Guerre froide.
Cela va sans dire que
Trump échoue aussi sur cette ligne. S’il fait l’éloge d’autocrates comme
Vladimir Poutine (Russie), Kim Jong-un (Corée du Nord), Mohammed ben Salmane
(Arabie saoudite) et de brutes épaisses comme Rodrigo Duterte (Philippines) ou
Jair Bolsonaro (Brésil), Trump voit dans le Premier ministre canadien Justin
Trudeau un «faible», estime
que le président français Emmanuel Macron fait preuve de «stupidité» et
multiplie sur Twitter les saillies humiliantes en direction de la chancelière
allemande Angela Merkel ou du maire de Londres Sadiq Khan. Il s’est comporté comme un sagouin lors de conférences
internationales et son instabilité, son ignorance et son incompétence ont fait se dresser les cheveux de diplomates
étrangers aguerris.
Sans surprise, l’image
de l’Amérique dans la plupart des pays a pris du plomb dans l’aile depuis l’arrivée au
pouvoir de Trump. En partie, ce déclin reflète les préoccupations que peuvent
susciter ses décisions erratiques, mais il s’agit aussi clairement d’un mépris
général pour sa personnalité. En tapant sa chaussure sur la table lors de
l’Assemblée générale de l’ONU, Khrouchtchev allait miner la politique étrangère
soviétique. Ce que fait peu ou prou Trump à chaque fois qu’il tweete.
En politique
internationale, être puissant importe beaucoup, mais être populaire ou a minima
respecté n’est pas accessoire. Les États-Unis ont notamment gagné la Guerre
froide parce qu’ils étaient plus forts et plus résistants que l’Union soviétique,
mais aussi parce que les valeurs et les actions de Washington –malgré tous ses
défauts et son hypocrisie– se sont révélées plus populaires que celles de
Moscou dans la plupart des pays du monde. Les États-Unis conservent probablement cet avantage alors que
leur concurrence avec la Chine s’intensifie, à moins que Trump et ses sbires ne
soient, là encore, parvenus à le réduire à néant.
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