Plus
elles sont exposées aux particules fines, plus elles seront ménopausées jeunes.
En 2017, une étude taïwanaise
établissait un lien entre particules fines et qualité des spermatozoïdes. C’est
désormais au tour des femmes de voir leur fertilité menacée, d’après les
résultats d’une étude italienne
présentée à la Société européenne de reproduction humaine et d’embryologie
(ESHRE).
Il
y aurait une relation directe entre la durée de la vie reproductive d’une femme
et la concentration en particules fines PM2,5
et en dioxyde d’azote dans l’air –tous deux considérés comme les principaux
polluants de l’atmosphère terrestre– à laquelle elle est exposée. Autrement
dit, plus son environnement est pollué, plus une femme sera ménopausée tôt.
Impact sur
l’hormone
Pendant dix ans,
l’équipe de recherche a observé le niveau des réserves ovariennes de 1.300
femmes vivant à Modène (Italie). Cette réserve est déterminée par le taux
d’hormone antimüllerienne (AMH) dans le sang. Dans la mesure où c’est l’hormone
aux commandes du développement des follicules ovariens –les cellules qui
contiennent l’ovule relâché chaque mois pendant l’ovulation– ses variations ont
une énorme influence sur l’arrêt de la vie reproductive, marqué par la
ménopause. Pour se donner une idée des ordres de grandeur, une concentration
sanguine d’AMH de 4,5 nanogrammes/millilitre à l’âge de 20 ans conduit à une
ménopause classique, autour de 50 ans, alors qu’une femme avec un taux de 3,3
ng/ml au même âge sera ménopausée à 35 ans.
L’équipe a divisé la
ville de Modène et ses environs selon quatre catégories de niveau de
concentration de particules fines et de dioxyde d’azote –de 1 à 4, 4 étant le
plus pollué. Chaque femme s’est vu attribuer une catégorie en fonction de son
adresse de résidence. Si le taux d’AMH a chuté chez toutes au fil du temps,
celles qui vivaient dans la zone 4 l’ont expérimenté beaucoup plus rapidement,
certaines présentant même 1 ng/ml avant 30 ans. En zone 4, les femmes sont
trois fois plus susceptibles d’atteindre ces taux aussi jeunes. À titre de
comparaison, ils sont habituellement constatés chez moins de 10% des femmes en
bonne santé.
Un lien fragile
On sait déjà que le
taux d’AMH est influencé par la génétique et l’âge, mais il l’est aussi par les
conditions de vie ou la consommation de tabac. Seul le paramètre de l’âge a été
pris en compte par l’étude, fait pour le moins discriminant quand on sait que
bien souvent, les zones polluées sont les plus pauvres, où la propension à
fumer et la précarité sont élevées. On peut se demander aussi quelle est la
valeur d’une étude menée dans une seule ville, où la frontière entre les zones
de pollution est probablement ténue.
Enfin, si on arrive à
prouver que la pollution peut avoir une influence sur le taux d’AMH, encore
reste-t-il à déterminer si l’effet est réversible. Autrement dit, s’il suffit
de s’éloigner de la zone pour rétablir des taux normaux, ou pas. D’importantes
questions demeurent donc sans réponse, dans la recherche sur la pollution et la
fertilité. On a déjà mené de nombreuses études pour les hommes et le spectre à
explorer pour les femmes est encore plus vaste.
Slate fr