Idriss Deby : « Il faut que nos filles soient nombreuses à investir le territoire des écoles, collèges et lycées ».

A la conférence internationale sur l’éducation des filles et formation des femmes qui s’est ouverte  ce 18 juin à N’Djamena, le président de la République du Tchad, Idriss Déby Itno a déclaré que les efforts colossaux déployés par son pays et les partenaires au développement pour tenir le pari de l’éducation et de la formation des filles et femmes, n’ont  pas toujours produit des résultats escomptés.

Pour Idriss Déby, si le rapport mondial de suivi sur l’éducation 2017-2018 démontre que le monde a atteint la parité entre les sexes à tous les niveaux, sauf dans l’enseignement supérieur, il n’en va pas de même pour toutes les régions, tous les pays et les groupes de revenus.

« Au Tchad, l’indice de parité fille/garçon est passé de 0,49 au primaire à 0,75 entre 1990 et 2015, de 0,30 à 0,45% au 1er cycle du Secondaire et de 0,23 à 0,28 au 2nd cycle », a souligné Déby avant d’ajouter que l’étude récente sur la scolarisation des filles, montre aussi que sur les 84% des filles interrogées estiment que ce sont les causes en lien avec le mariage qui les conduisent à abandonner l’école.

86% de femmes tchadiennes sont analphabètes

Les données démographiques montrent que 86% des femmes sont analphabètes. Ce faible taux d’alphabétisation couplé à celui de la scolarisation est selon le Chef d’Etat tchadien, ce qui rend peu efficace la participation de la femme au développement du pays.« Pour inverser la tendance, le Gouvernement a lancé des actions fortes à la fois sur les terrains  politiques, institutionnels et pédagogiques. Outre les reformes des curricula qui sont entreprises pour briser tous les stéréotypes en lien avec le sexe, notre pays a adopté une loi portant interdiction du mariage des filles de moins de 18 ans », a soufflé Idriss Déby Itno.

Promotion de l’enseignement scientifique

Pour permettre un taux important dans les disciplines scientifiques,  le gouvernement du Tchad a créé 24 lycées scientifiques et a lancé le recrutement de 1439 enseignants scientifiques. « La remise des prix d’encouragement et l’octroi des bourses aux filles ayant les meilleures notes dans les disciplines scientifiques et technologiques constituent des initiatives pour encourager celles-ci à opter pour les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques », a renseigné le président de la République.

Education des réfugiés

Le Tchad accueille aujourd’hui plus de 450 000 réfugiés dont au moins 180 000 sont en âge scolaire. Les femmes représentent 55% de cette population en déplacement. Ce qui accroît les besoins en matière d’éducation et de formation des filles et des femmes. « Le Gouvernement, fidèle à ses engagements internationaux et se basant sur l’hospitalité de son peuple, a pris, lors d’un séminaire gouvernemental dédié à l’éducation, la courageuse décision d’intégrer dans le plan sectoriel la question de l’éducation  des réfugiés », renchérit-il.  

Le vœu du président Déby

« Je forme le vœu que cette rencontre amène  toutes les sommités intellectuelles, ici présentes, à développer des réflexions pointues et pertinentes en vue d’identifier les contraintes diverses liées à l’éducation des filles et à la formation des femmes et de proposer des mesures d’ajustement en lien avec nos défis », recommande le président Déby.  

« Il faut que nos filles soient  nombreuses à investir le territoire des écoles, collèges et lycées ». « Dans la même veine, la formation des femmes qui demeure notre souci permanent doit se faire en même tant que celle des hommes », a-t-il ajouté.

« La refondation de notre nation à l’ère de la 4ème République ne peut se réaliser sans la participation  active, effective et dynamique des femmes ».  « Il n’y aura jamais de développement si plus de 50% de nos concitoyens sont en marge du savoir », conclut Idriss Déby Itno.

« KHARIF Citoyen » : Une des nouvelles solutions économiques et sociales au Tchad

Dans le cadre du plan d’actions des journées économiques et citoyennes (JEC) qui propose des projets de développement susceptibles de contribuer à l’essor économique du Tchad et à l’amélioration des conditions de vie de la population, la problématique de la sécurité alimentaire a été retenue comme une des priorités du Pacte Economique Républicain. Une réflexion de la Plateforme « Agir Ensemble » pour accompagner le gouvernement dans la recherche de nouvelles solutions économiques et sociales.

Le projet Kharif Citoyen c’est-à-dire la saison de pluies du citoyen avec sa composante Sawi Bouti qui veut dire rendre la production agricole moins chère réponds aux objectifs du programme économique et social du gouvernement tchadien qui invite les tchadiens à travailler la terre et à s’intéresser aux potentialités agropastorales.

Ce projet accorde une importance première aux cultures pluviales en attendant une introduction progressive et complémentaire de l’irrigation. Il a pour ambition d’amener le citoyen tchadien à participer à l’effort de sécurité alimentaire et si possible augmenter la production agricole et faire baisser le prix des denrées alimentaires.

Le projet compte mettre à la disposition des populations, des cadres et employés des ministères et entreprises intéressées des sites pilotes dédiés à l’agriculture et à l’élevage. Il compte également apporter des conseils et appuis techniques et financiers.

Ce projet, premier en son genre s’inscrit également dans le cadre des actions prioritaires du programme national de développement (PND), dans son axe 3 « Développement d’une économie diversifiée et compétitive ».

Education : 66 % des pays ont atteint la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire

Le Chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby Itno a  lancé officiellement les travaux de la conférence internationale sur l’éducation des filles et la formation des femmes dans l’espace francophone, ce mardi 18 juin 2019 à l’hôtel Radisson Blu de N’Djamena.

« Je m’engage devant vous ici à renforcer toutes les mesures nécessaires et les textes législatifs légaux qui vont permettre à la femme d’avoir sa place dans la société », a déclaré le président de la République du Tchad Idriss Déby Itno à l’ouverture de la conférence internationale sur l’éducation des filles et formation des femmes dans l’espace francophone.

Placée sous le thème : « Défis, bonnes pratiques et pistes d’action », la conférence permettra d’étudier et d’identifier les tares de la tradition sur l’éduction des filles et la formation des femmes dans l’espace francophones. Soulignant les défis de l’éducation des filles et la formation des femmes, le président tchadien Idriss Déby Itno a indiqué « qu’à partir de cette rencontre, un signal fort doit être envoyé à partir de N’Djamena à toute la communauté francophone ».

Selon le président Déby, seuls 66 % des pays ont atteint la parité entre les sexes dans l’enseignement primaire, 45% dans le premier cycle du secondaire et 25 % dans le deuxième cycle du secondaire. Mais beaucoup de pays francophones dont le Tchad sont en butte à cette problématique majeure qui mérite d’être questionnée dans toutes ses dimensions.  

 Le Rwanda un exemple en matière de la politique de l’éducation.

Représentant Paul Kagamé, président de la République du Rwanda, le premier ministre rwandais, Edouard Njirenté, a vanté la politique de son pays en matière de l’éducation et formation des filles et femmes. Au primaire l’éducation gratuite est instituée afin de permettre à toutes les filles d’achever leur cursus et avoir accès aux études secondaires, une école d’excellence pour les filles, le conseil national des femmes, un taux élevé des filles dans les disciplines scientifiques, technologiques et la science de l’ingénierie, un accès de 63% des femmes aux finances informelles, 68% des femmes au parlement, 40% dans le gouvernement… Mais selon Edouard Njirenté, le chemin à parcourir reste encore grand pour le Rwanda.

La secrétaire de l’organisation internationale de la francophonie (OIF), Madame Louise Mushikiwabo, l’éducation des filles et la formation des femmes dans l’espace francophone rencontre beaucoup problème. C’est à travers cette conférence que les experts de tous les horizons doivent s’assoir pour examiner cette problématique pour qu’afin cette conférence se voit une étape décisive dans le cheminement de tous les pays vers l’égalité des droits humains, la défense et le droit à une éducation de qualité pour tous et pour toutes.

Louise Mushikiwabo a proposé qu’elle fasse de la femme une priorité pour son mandat. « Je fais de la place de la femme une priorité de mon mandat en tant que secrétaire générale de l’organisation internationale de la francophonie. Qu’elles évoluent en politique, dans le milieu économique, dans la société civile. Qu’elles soient employées, ouvrières, dans la fonction publique, dans le secteur informel, en milieu urbain ou dans les campagnes leur place dans le développement dans nos pays est estimable ».

Pourquoi la France n’a pas le droit de laisser les Français de Daech être condamnés à mort

[Tribune] Les combattants qui ont rejoint l’Irak devraient être jugés en tant que tels à l’aune du droit international et non en qualité de terroristes ou de criminels de guerre.

Plusieurs Français de Daech ont été condamnés à mort en Irak à l’issue de procès dont l’opacité est totale. Quelques voix se sont élevées pour savoir s’ils devaient être sauvés ou pas.

Le gouvernement français qui a pourtant refusé de les accueillir pour qu’ils soient finalement livrés par les Kurdes à l’état irakien affirme avoir engagé des démarches pour leur éviter la peine de mort. Tout le monde semble néanmoins considérer de manière évidente que ces personnes sont des terroristes et que l’état irakien est légitime à les juger. Pourtant, c’est uniquement pour satisfaire l’opinion publique que l’État français a accepté cette situation en reniant le droit international et tous nos principes.

Légalité des actes de guerre

Les combattants de conflits armés doivent être jugés selon les conventions de Genève. Les conventions de Genève en 1949 indiquent la manière dont doivent être traités les combattants qui ont participé à des conflits armés –les affrontements avec Daech n’échappent pas à la règle.

L’idée est simple : dès qu’il y a des affrontements armés entre deux entités constituées, pendant une période significative, c’est-à-dire s’inscrivant dans la durée, on considère qu’il y a un conflit armé international ou non international. Cela ne suppose pas nécessairement qu’il y ait un État, ni qu’il y ait une déclaration de guerre. C’est alors le droit de la guerre, donc les conventions internationales de Genève qui doivent s’appliquer. Les affrontements en Irak avec Daech entrent indiscutablement dans cette catégorie des conflits armés couverts par les Conventions de Genève.

Les personnes qui participent à ces conflits armés sont appelées «combattants». Ils ne sont pas appelés «terroristes». Dans le cadre d’un conflit armé il n’y pas de terrorisme mais il y a des actes de guerre qui sont, eux… légaux. Combattants ou prisonniers de guerre, et non terroristes. Ce que prévoient toutes les conventions internationales relatives au droit de la guerre, c’est qu’on ne peut pas poursuivre les combattants qui ont commis des actes, même s’ils ont tué, même s’ils ont posé des bombes, dans le cadre d’un conflit armé.

Le principe veut que les prisonniers de guerre puissent être internés, c’est-à-dire privés de leur liberté de circulation mais qu’ils doivent être traités avec humanité, en préservant un certain nombre de droits, comme de pouvoir communiquer avec leurs proches et d’avoir une vie digne, etc.

Tout le contraire de ce qui est en train de se passer.

Ce que prévoit le droit

La tentation est grande d’accepter sans se poser de question l’idée que ce sont des terroristes. Mais ce n’est pas ce que prévoit le droit. Tout opposant ayant pris les armes est un combattant dont la responsabilité ne peut être engagée que s’il a commis des crimes de guerre. Si ce sont des criminels de guerre jugeons les comme tels.

Si les Français combattant avec Daech ont commis des crimes de guerre (tuer des civils, commettre un crime contre l’humanité…), ils peuvent et doivent être poursuivis comme tels. Mais pour le savoir nous avons besoin de procès dignes de ce nom qui permettront de répertorier ce qu’ils ont réellement commis et pas d’une parodie de justice qui a pour seule but de prononcer une peine de mort.

Nous avons pour ça des tribunaux nationaux et internationaux qui permettraient de déterminer leur responsabilité réelle. À ce stade, que savons-nous ? Que peut-on leur reprocher concrètement à part d’être allés là-bas ?

Pouvons-nous accepter qu’ils finissent au bout d’une corde sans même connaître la réalité de ce qu’on peut leur reprocher ? Condamner, tuer, avec un simulacre de jugement, sans se poser de question, ça s’appelle la justice des vainqueurs. Sans un procès public, avec de réelles investigations, des droits de la défense équitables nous ne pourrons jamais connaître la vérité. Comment peut-on accepter ça ?

L’arsenal législatif de la France

Même si l’on devait admettre qu’il s’agisse de terroristes, la France s’est munie d’un arsenal législatif qui permet de les juger en France, selon les règles du procès équitable sans qu’ils ne risquent la peine de mort. Nous en avons les moyens politiques et juridiques, il faut avoir le courage d’appliquer le droit sans céder à la soif de vengeance de l’opinion publique.

La France est partie à toutes les conventions de lutte contre la peine de mort et s’est toujours engagée à éviter à ses ressortissants ce sort abominable. En acceptant qu’ils soient remis à l’Irak et n’exigeant pas qu’ils soient jugés en France, elle cautionne ce qui est en train de se passer et contrevient à ses engagements et au droit international.

Quand il s’agit de Daech, les autorités françaises apparaissent absolument terrorisées et, sous le coup de l’émotion, prennent des décisions qui vont à l’encontre du bon sens mais surtout à l’encontre du droit international. Évidemment, on peut être inquiet à l’idée que d’anciens combattants de Daech reviennent en France. Mais il existe des possibilités légales pour les interner ou les juger dans des conditions à la hauteur de nos valeurs. Il ne s’agit pas de les laisser libres dans la nature mais simplement de s’assurer que s’ils sont condamnés ce sera pour les bonnes raisons et à une peine compatible avec notre droit. Car c’est le droit et uniquement le droit, qui a vocation à s’appliquer. C’est ce qui fait l’honneur de notre système.

Si on y déroge, on ne vaudra pas mieux que ceux que l’on veut condamner et on perdra l’humanité qui a présidé à la formation depuis des décennies de ce droit international dont nous devons être fiers.

Me Philippe-Henry Honegger

Me Philippe-Henry Honegger

L’hyperémèse gravidique, quand la grossesse tourne au calvaire

Mal connue du personnel soignant, cette pathologie entraînant notamment des vomissements intenses est rarement diagnostiquée et peut susciter un profond désarroi chez les patientes touchées.

«Chaque jour, c’était la même chose. Je me levais, vomissais, prenais ma bassine et m’installais sur le canapé en attendant le retour de mon mari», raconte Aude, 29 ans, aujourd’hui mère de deux enfants.

En 2016, alors qu’elle est enceinte de son premier bébé, les vomissements arrivent très vite : «Jusqu’à vingt par jour, accompagnés en permanence de nausées et d’une fatigue intense. C’était le début, le fameux premier trimestre. Je me suis dit que ça passerait.» Ça n’est pas passé. En tout, la jeune femme a perdu 15 kilos ; elle a été arrêtée pendant presque toute sa grossesse.

Elsa, 30 ans et un bébé désormais âgé de 20 mois, pensait également que cet état passerait après trois mois de grossesse : «En réalité, j’ai vomi du début jusqu’au jour de l’accouchement. Les quatre premiers mois, je dormais 20 heures par jour. Dès que je me levais, je vomissais, donc je restais allongée. J’ai vomi partout où j’allais, dans la voiture, sur la bande d’arrêt d’urgence de l’autoroute, le parking de la pharmacie, chez des amis…»

La doctorante en géographie, qui a dû mettre sa thèse sur pause tellement ses «capacités intellectuelles étaient altérées», avait toujours dans son sac à main des lingettes, une brosse à dents et un bain de bouche.

Souffrance minorée

Aude et Elsa ont été touchées par l’hyperémèse gravidique, une forme clinique grave des nausées et vomissements de la grossesse. Si ces derniers touchent de nombreuses femmes enceintes (entre 50% et 90% selon les études), seules 2% à 5% seraient atteintes d’hyperémèse gravidique –à noter qu’il n’existe que peu d’études françaises sur le sujet.

«Même s’il n’y pas encore de définition consensuelle de la maladie, on peut en parler quand il y a des vomissements incoercibles, des nausées persistantes, une intolérance alimentaire, une perte de poids de 5% à 10 % par rapport au poids initial, une déshydratation et un impact sur la qualité de vie. Elle se déclare en général assez tôt, entre la quatrième et la huitième semaine d’aménorrhée, et peut durer jusqu’à la fin de la grossesse ou bien s’arrêter avant», détaille Philippe Deruelle, gynécologue-obstétricien au CHU de Strasbourg et secrétaire général du Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF).

«On m’a dit : ‘‘Estimez-vous heureuse, ça sera ça de moins à perdre.”», Elsa

Les causes pourraient être de plusieurs ordres : hormonales (un taux de béta-hCG très élevé), fonctionnelles (reflux gastro-œsophagien maternel) ou génétiques, comme le suggère une récente étude américaine. Selon la recherche scientifique, l’hyperémèse n’augmente pas le risque de malformation fœtale, mais le risque d’avoir un enfant petit et/ou avec un faible poids de naissance est plus grand.

En France, cette maladie est mal connue du personnel soignant et les patientes touchées sont mal prises en charge –quand elles le sont. «Les nausées et vomissements étant considérés comme des petits maux de la grossesse, la sphère médicale a tendance à répondre à ces femmes que c’est normal et que ça va passer. Il y a une négligence sur la prise en charge de cette maladie», confirme Philippe Deruelle.

L’entourage aussi peut avoir tendance à minorer la souffrance ; il n’est pas rare que les femmes concernées entendent : «Tout le monde vomit pendant la grossesse ! »

«À l’échographie du deuxième trimestre, mon bébé allait bien, donc tout allait bien ! On m’a dit, par rapport au fait que je ne prenais pas de poids : ‘‘Estimez-vous heureuse, ça sera ça de moins à perdre”», relate Elsa, encore furieuse qu’on ne l’ait pas écoutée.

Hospitalisation à l’isolement

Souvent, les médecins imputent ces vomissements à une cause psychologique : les femmes ne voudraient pas de leur grossesse et la rejetteraient physiquement en «vomissant leur bébé».

Comme le note la sage-femme Anne-Sylvie Charles dans son mémoire «Hyperémèse gravidique : vécu des conditions d’hospitalisation», à la suite d’«une approche psychanalytique, cette pathologie a été classée dans les névroses hystériques». «C’est en effet ce qu’on a appris aux soignants depuis le début du XXe siècle, donc ça reste encore ancré dans leur esprit aujourd’hui», déplore Philippe Deruelle.

À l’époque, il était recommandé d’hospitaliser les femmes à l’isolement –une pratique qui perdure de nos jours dans certains hôpitaux.

«Mon mari n’a pas eu le droit de venir me voir pendant plusieurs jours. On ne m’a jamais expliqué pourquoi.»

Audrey Texier

C’est ce qui est arrivé à Audrey Texier lors de sa troisième grossesse, en 2017 : «Dix jours après une première hospitalisation à deux mois et demi de grossesse, lors de laquelle on m’a réhydratée, je suis retournée aux urgences parce que ça n’allait pas mieux. Je vomissais jusqu’à cinquante fois par jour. J’avais perdu 12 kilos alors que je ne suis pas en surpoids. J’étais tellement faible que je n’arrivais plus à marcher. On m’a ré-hospitalisée à l’isolement. Mon mari n’a pas eu le droit de venir me voir pendant plusieurs jours. On ne m’a jamais expliqué pourquoi, j’étais dans un tel état que je n’ai pas eu la force de contester.»

En 2018, la jeune femme a cofondé l’Association de lutte contre l’hyperémèse gravidique, dont elle est la présidente, pour accompagner, écouter les femmes touchées et les diriger vers des médecins connaissant la pathologie.

Comme elle, de nombreuses femmes atteintes ne sont jamais diagnostiquées et découvrent l’existence de cette maladie via des recherches sur internet, après ou pendant une première grossesse. Certaines arrivent en consultation avec de la documentation pour tenter de se faire prescrire un médicament qui les soulagera ; parfois, quand cela ne fonctionne pas, elles en prennent sans en parler à leur médecin.

Audrey a acheté de la doxylamine (aussi connue sous le nom de Donormyl) , un antihistaminique sédatif en vente libre, en le cachant à sa sage-femme : «Après avoir lu sur le Crat [le Centre de référence des agents tératogènes, à destination des professionnels (les) de santé, informe sur les risques des médicaments et vaccins pendant la grossesse et l’allaitement, ndlr] qu’il était utilisé depuis longtemps au Canada et aux États-Unis [où la maladie est davantage documentée et mieux prise en charge, ndlr] et qu’il n’y avait pas de risque pour le fœtus, j’ai décidé d’en prendre.»

France Artzner, qui a cofondé une autre association de soutien aux femmes, 9 mois avec ma bassine (qui était à l’origine un blog tenu par une autre mère touchée), s’est quant à elle «débrouillée» pour se faire prescrire de l’ondansétron (Zophren), un antiémétique, puisque la fiche Crat de ce médicament indique que les risques pour le fœtus, craints à un moment, avaient été écartés.

Errance diagnostique

«En France, ces deux médicaments n’ont pas d’autorisation de mise sur le marché pour la femme enceinte. Le premier est autorisé pour le traitement des allergies et insomnies légères, le deuxième pour les vomissements après une chimiothérapie. Les soignants n’ont donc pas le droit de les prescrire à leurs patientes», regrette Philippe Deruelle.

Le gynécologue-obstétricien travaille avec les deux associations à faire reconnaître la maladie, notamment en tentant de faire étendre les indications de ces médicaments aux autorités de santé et en proposant un protocole de prise en charge généralisé à l’ensemble du personnel soignant.

Il préconise d’«arrêter de prescrire du Vogalène et du Primpéran, inefficaces dans la majorité des cas face à cette maladie, [de] cesser l’hospitalisation à l’isolement, qui ne fait que renforcer le mal-être des patientes. Et surtout, [d’] être à l’écoute ! »

«Neuf mois à vomir, à ne plus pouvoir sortir, à stresser pour la santé de son bébé, à avoir peur pour votre carrière professionnelle, à ne plus pouvoir rien faire tellement vous êtes mal, plus parfois un entourage médical et personnel qui minimise et vous dit que vous vous écoutez trop peuvent conduire à la dépression», s’attriste France Artzner.

«À ce manque d’écoute et de soutien peut s’ajouter une culpabilité de ne pas pouvoir s’investir dans leur grossesse.»

Luisa Attali, psychologue

«Finalement, les problèmes psychologiques ne sont en général pas la cause mais bien la conséquence de l’hyperémèse », résume Luisa Attali, psychologue au pôle gynécologie-obstétrique du CHU de Strasbourg et chercheuse associée à Paris 7.

«Les femmes sont souvent stigmatisées, continue-t-elle. Elles font face à une errance diagnostique qui rappelle l’endométriose. À ce manque d’écoute et de soutien peut s’ajouter pour certaines une grande culpabilité de ne pas pouvoir s’investir dans leur grossesse, puisqu’elles vivent au jour le jour, sont centrées sur leur propre corps et leur douleur, sans parvenir à se projeter de façon sereine et épanouie avec leur bébé à venir.»

Choix de l’IVG

«La plénitude de la grossesse, je ne l’ai pas connue. J’ai tellement perdu de kilos qu’on ne voyait même pas que j’étais enceinte. Je suis passée à côté de quelque chose», regrette Elsa.

«J’ai toujours voulu être maman, j’avais idéalisé ma grossesse. Je suis tombée de très haut, c’était tellement loin de ce que j’avais imaginé, atteste Aude, qui s’est toujours projetée avec quatre enfants et qui a fait le choix, après son deuxième, de ne pas en avoir d’autres. Ça me brise le cœur, je suis en plein travail de deuil, mais je ne peux pas revivre ces neuf mois d’enfer ! J’y repense souvent en regardant mes enfants, ça reste là, en toile de fond.»

Le risque de récidive de l’hyperémèse pour une autre grossesse est de 80%. «Si j’avais eu cette maladie pour ma première grossesse, je n’aurai jamais eu d’autres enfants, affirme Audrey Texier. J’ai perdu ma dignité, je me revois aller à quatre pattes aux toilettes, ne pas réussir à me laver ni le corps ni les dents, ne plus supporter l’odeur de mes enfants et de mon mari !»

Dans certains cas, l’hyperémèse mène à l’avortement. Aux États-Unis, 15,2% des femmes touchées ont recours à l’IVG, soit dix fois plus que la moyenne nationale. Il n’existe pas de données pour la France, mais Philippe Deruelle estime que ce taux pourrait atteindre 20%.

«Si on m’avait crue, écoutée, j’aurais aujourd’hui mon bébé avec moi.»

Sabrina*

Sabrina* a fait ce choix en 2018, alors même que sa grossesse était profondément désirée : «J’ai été hospitalisée plusieurs fois et à aucun moment diagnostiquée. J’ai vomi devant de nombreux soignants, je n’arrivais plus à parler, j’étais dans un état pitoyable, les cheveux gras, l’haleine fétide, le jogging parfois maculé de vomi et pourtant, je n’ai pas été entendue, comprise, sauf par quelques professionnels, mais qui n’étaient pas décisionnaires.»

«À près de trois mois de grossesse, après plusieurs semaines d’hospitalisation, on m’a transférée en hôpital psychiatrique, dans une unité pour mamans souffrant de dépression post-partum, poursuit-elle. J’ai demandé à sortir et après d’innombrables tergiversations avec moi-même, j’ai finalement avorté à treize semaines d’aménorrhée, quasi à la limite autorisée. Un choix qu’un an et demi après je regrette. Si on m’avait crue, écoutée, j’aurais aujourd’hui mon bébé avec moi. Mais je suis désormais plus forte et si je parviens de nouveau à être enceinte, je ne me laisserai plus faire et j’exigerai une prise en charge réelle ! »

* Le prénom a été changé.

Slate fr

Démonstration de la télémédecine au Tchad

Cette séance de démonstration de la télémédecine a eu lieu le 11 juin dernier à l’hôpital de la Mère et de l’Enfant de N’Djamena en présence du ministre des postes et de nouvelles technologies de l’information et de la communication et du ministre de la santé publique.

Ce service de télémédecine va permettre aux acteurs médicaux de collaborer avec leurs confrères d’une région à une autre, à distance, en temps réel ou en différé, de faire une consultation.

Deux hôpitaux, celui de Mongo et Abéché qui ont été choisi pour le lancement. A l’issue de ce lancement, les médecins traitant ont échangé en direct de la salle de bloc opératoire avec les deux ministres.

Pour le ministre de la santé publique, Aziz Mahamat Saleh, cette innovation permettra aux médecins d’être en direct avec les autres afin de diagnostiquer les patients malgré la distance. « A travers un suivi, il faut qu’on mette un comité conjoint qui puisse voir s’il y a des difficultés techniques éventuelles à avoir dans le cadre de ce fonctionnement, et aussi, s’assurer qu’à travers un certain nombre de reporting que réellement il y a la plus-value c’est-à-dire tel diagnostic a permis d’être sauvé. Que tel spécialiste n’étant pas sur place là-bas, à travers les images, le diagnostic, ce que la personne récente comme maux et qu’on n’a décidé soit de le référer soit sur place quelqu’un peut l’opérer ».

Selon le ministre, l’objectif est de rapprocher les populations, toutes les personnes qui ont la connaissance spécifique c’est-à-dire les médecins spécialistes qui sont très peu dans les provinces. « J’incite réellement l’hôpital de la Mère et de l’Enfant à ouvrir à tous les hôpitaux de N’Djamena, publics comme privés de pouvoir venir échanger dans le cadre des actions qui peuvent se faire, surtout les hôpitaux qui sont dans la ligne du fibre optique », a-t-il souligné.

Egypte: l’ancien président Mohamed Morsi est mort

Selon la télévision d’Etat égyptienne, Mohamed Morsi a été victime d’un malaise alors qu’il comparaissait au tribunal. Son décès a été constaté peu après. Il avait 67 ans. Issu du mouvement des Frères musulmans, il avait été élu président en 2012, avant d’être renversé par l’armée un an plus tard.

Le milieu de la presse tchadienne gagné par le phénomène de « jirisme » (JIR)

Le « jirisme » (Journaliste d’Intervention Rapide) menace fort ce dernier temps le milieu de la presse tchadienne. Le JIR est un journaliste qui ne vit que des per-diem, parcourant des événements en événement à la recherche de sa pitance journalière. Il peut dans une rédaction ou pas.

Cette pratique est devenue un souci pour les organisateurs de payer les journalistes aux couvertures des événements. D’autres, par peur des harangues des journalistes sollicitent un nombre limité. Mais le cas du dimanche 16 juin 2019, à la commémoration de la journée de l’enfant africain (JEA). Peut s’expliquer autrement même si les organisateurs jugent mieux la prestation de la presse publique.

C’est un évènement à grande envergeure. Mais l’on a remarqué quasiment l’absence de la presse privée. A part la télé et la radio Tchad nationale, l’agence tchadienne de presse et d’édition (ATPE) et quelques organes étrangers, un reporter de tachad.com ayant pris part à cette cérémonie à titre privé et qui a voulu avoir quelques images par reflexe a dû être arrêter par la suite interdit de filmer. Parce qu’il n’est pas invité comme organe de presse.

Pourquoi les organisateurs n’ont pas invités les autres médias ? Ou le Ministère de la Femme et de la Protection de Petite Enfance et de la Solidarité Nationale a négligé les autres organes de presse ? Les organisateurs n’ont-ils pas pensé à l’aspect communicationnel ?

Voilà tant de questions que l’on se pose. Pourtant dans les autres évènements, il y avait toujours plus de 40 organes de presse présents. Invités ou pas tous recherchent de l’information sauf les JIR recherchent de l’argent.

Le per-diem ou l’information ?                                                                         

Si les organisateurs d’un tel évènement ne veulent pas invités plusieurs organes de presse, certaines inquiétudes se justifient par manque de moyens financiers pour payer les per-diem des journalistes. Mais ce n’est pas une obligation de payer aussi le per-diem. En quoi cette modique somme serait-il un blocus pour la couverture médiatique ? Aucun texte de la profession n’oblige les organisateurs des événements à payer aux journalistes le per-diem.

A cause de per-diem, certains organisateurs voient les journalistes comme les mendiants et le pire est qu’après l’argent ils ont tendance à dire : écrit bien, ne dit pas ça, ne dit pas ceci… Suivi de fois des appels pourquoi tu n’as pas publié mon article, pourquoi tu as dit ça ou lieu de ça, etc.

5 000 FCFA ou 10 000 FCFA voire 2000 et 1000 FCFA selon les organisateurs suffisent pour un article ou un reportage. Pour un journaliste professionnel ce n’est pas ces miettes qui peuvent changer ou acheter la conscience. Ils se font remarquer par leur professionnalisme, n’exigeant rien. Mais les JIR (journalistes d’intervention rapides) ne s’y intéressent que pour assurer leur pitance journalière.

Couverture et recherche de l’information

Le travail de journaliste ne se limite pas qu’aux couvertures médiatiques (sollicitations extérieures) mais la recherche permanente de l’information est une exigence. Certains des confrères en quête d’information sillonnent les grandes artères, des marchés, institutions à travers des rendez-vous, des entretiens pour réaliser les reportages. D’autres attendent des sollicitations extérieures. C’est là où les JIR patrouillent dans les hôtels et certaines institutions se proposant des reporters de tel ou tel organe. Devant ceux-là, les attachés de presse et chargé de communication ne savent pas comment jouer avec de l’argent. « On ne vous pas invité ! On ne vous connaît pas, …», ce sont des refrains.

Là où le bât blesse, les JIR sont mieux payés que les vrais journalistes. L’on peut citer en exemple : lors de la célébration de la fête de travail le 01 mai au stade de Paris-Congo par l’union des syndicats du Tchad (UST) et à la place de la nation par la confédération libre des travailleurs du Tchad (CLTT) à la place de la nation, des cérémonies à la maison des média du Tchad, au CEFOD…

Il faut dire que le phénomène de journaliste d’intervention rapide (JIR) gagne le milieu de la presse tchadienne. Des diverses raisons peuvent expliquer cette pratique qui n’honore pas l’éthique et déontologie du métier de journalisme. Le traitement précaire des journalistes obligeant certains à devenir des JIR même si bien ils ont dans une rédaction, gagne-pain pour d’autres parce que, il est facile de trouver des jetons auprès des organisateurs pour valider sa journée comme pensent-il : « le gombo est validé », Y-a-t-il un dernier message ? Ils ont bien parlé ?… sont autant des codes que glissent entre eux.

Dans les deux pratiques du métier de journalisme, la responsabilité est partagée. La responsabilité des responsables des organes de presse et des journalistes eux-mêmes à assainir cette noble profession est interpelée.

Le Chef rebelle Général Mahamat Nouri aux arrêts

L’un des plus influents chefs rebelles tchadiens le général Mahamat Nouri et deux autres suspects sont arrêtés ce lundi a Paris dans le cadre d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Paris le 10 mai 2017 pour des chefs de crimes contre l’humanité, complicité de ces crimes et association de malfaiteurs en vue de la commission de ces crimes, a appris à l’AFP. Ils ont été arrêtés et placés en garde à vue par les enquêteurs de l’Office central de lutte contre les crimes contre l’humanité, les génocides et les crimes de guerre (OCLCH), a indiqué le parquet de Paris.

Education des filles et formation des femmes.

N’Djamena accueille la conférence internationale  sur l’éducation des filles et formation des femmes dans l’espace francophone.

Une conférence organisée par le ministère de l’éducation nationale et civique en collaboration avec l’organisation internationale de la francophonie (OIF). Des assises au cours de lesquelles les recommandations et les pistes d’action pour les réformes structurelles en matière de politique et de réformes éducatives seront soumises aux aux acteurs de l’éducation afin de promouvoir l’éducation des filles et la formation des femmes dans l’espace francophone.

Il est prévu dans l’agenda de la conférence des thématiques sur l’état des lieux de l’éducation et de la formation des files et des femmes : les principes avancées, les principaux enjeux et les goulots d’étranglement ; les leçons apprises : les bonnes pratiques  et les stratégies qui ont fait leurs preuves pour promouvoir l’éducation et la formation des filles et des femmes à tous les niveaux d’enseignement tout au long de la vie ainsi que dans le secteur de l’éducation non-formelle et celui de la formation professionnelle et technique.

Les représentants des pays membres de la francophonie y prendre part et échangeront ces thématiques du 18 au 19 juin.