Depuis la Préhistoire, l’isolement peut être mortel.
Le constat que les
personnes seules meurent plus jeunes que les autres est un fait scientifique
qui démontre un lien entre le corps et l’esprit. Selon l’ancien chirurgien
américain Vivek Murthy, la solitude est une épidémie qui menace la santé
publique. Aux États-Unis, plus d’un tiers des adultes de plus de 45 ans qui ont
répondu à une étude de l’AARP ont été
classés dans la catégorie «isolé».
Étant
donné l’état de déconnexion de notre monde, il n’est pas surprenant de voir que
le taux de personnes considérées comme seules a augmenté au cours des dernières
décennies. Notre société moderne repose moins sur des «villages», les
personnes âgées vivant souvent seules alors que leur famille s’éloigne. Même si
l’influence des réseaux sociaux est toujours discutée, certains experts notent que ceux-ci
ne permettent pas de compenser la baisse des appels téléphoniques ni des
visites en personne, en particulier pour les seniors.
Ce problème de santé mentale a des répercussions sur la santé physique. Une bibliographie de recherche
bien connue a permis de montrer que la solitude, l’isolement et le fait de
vivre seul étaient des facteurs de risque indépendants pour la mortalité
précoce, avec une hausse du taux de mortalité allant de 26 à 32%. Certaines estimations
indiquent que la solitude est un facteur de mortalité plus important que
l’obésité, comparable au tabagisme.
Certains
indices montrent que la solitude augmente le risque d’infarctus, de
la maladie d’Alzheimer,
la pression sanguine
et le diabète. Mais
comment ? La recherche émerge, mais plusieurs théories ont été envisagées.
Notre
réaction biologique à la solitude
Des recherches
démontrent que la réponse physiologique de notre corps à la solitude est basée
sur l’évolution. Les êtres humains sont tout simplement faits pour vivre en
groupe.
Dans la Préhistoire,
l’isolement pouvait être mortel. C’est pourquoi notre corps met en place la
réaction de lutte ou de fuite, qui conduit à la hausse de la pression
sanguine, au sectionnement du sommeil, à la
libération des hormones de stress et à l’inflammation.
Sur une longue période, cet état entraîne une hausse du risque cardiovasculaire
et favorise l’apparition d’autres maladies.
Les soucis
logistiques
Quand les personnes
âgées vivent seules, elles sont plus exposées au risque de blessure à un moment
où personne n’est là pour les aider. De plus, n’ayant pas en permanence quelqu’un
pour surveiller leur état de santé, elles peuvent passer à côté de symptômes
qu’il faudrait pourtant faire vérifier par un médecin.
Par ailleurs, les
seniors vivant seuls (es) sont moins à même de prendre soin de leur personne,
leur hygiène et leur alimentation se détériorent, ce qui favorise les maladies.
Ils peuvent aussi oublier de prendre leurs médicaments, n’ont personne pour les
emmener à leurs rendez-vous médicaux, ou même faire des courses.
Le manque de
socialisation
Au niveau le plus
élémentaire, il apparaît que les êtres humains ont besoin d’interactions
sociales, qui les font se sentir bien. Ces sensations positives réduisent le
stress, un facteur de risque pour de nombreuses maladies.
Des recherches
ont montré que les personnes mariées vivaient plus longtemps (sous réserve que
le mariage soit heureux) et ont même plus de chances de survivre à un cancer.
Les amis (es) jouent également un grand rôle en donnant du sens à notre vie, ce
qui a un impact positif sur la santé physique.
Pistes et solutions
Ce que vous pouvez
faire pour lutter contre la solitude :
– Faire du bénévolat.
Des études
montrent que les personnes qui font du volontariat pour des raisons altruistes
ou pour créer des liens vivent plus longtemps que celles qui n’en font pas. «J’aime encourager mes patients
et patients les plus âgés à s’impliquer localement et, plus spécifiquement, à
faire du volontariat», explique Jennifer Rose Boozer,
ostéopathe, professeure adjointe en médecine familiale à la Keck School of
Medicine de l’université de Californie du Sud et praticienne en médecine
familiale sur les sites de Glendale and Pasadena de la Keck School of Medicine
de l’université de Californie du Sud. «C’est bon à la fois pour
celles et ceux qui reçoivent un soutien et pour les personnes qui aident,
puisque cela leur permet de rester actives, lutte contre la dépression,
contribue à créer un réseau et favorise une vie plus longue et plus heureuse.»
– Envisagez d’aller dans une communauté pour seniors. Ces communautés, bien
différentes des maisons de retraite, permettent de vivre à plusieurs ce qui
comporte de nombreux avantages. Elles peuvent aider les personnes âgées à
redécouvrir leur «village», à faire
des rencontres et à participer à des activités.
– Intégrez des groupes
en fonction de vos centres d’intérêt. Vous avez de grandes chances de
rencontrer des gens qui vous ressemblent dans un groupe de jardinage, dans un
club de lecture ou dans un groupe religieux.
– Aidez vos voisines
et voisins. Vous pouvez contribuer à lutter contre la solitude chez les autres
en passant un peu de temps avec les personnes de votre quartier qui vivent
seules. Apportez un petit quelque chose à manger et passez une heure à
discuter… vous leur sauverez peut-être la vie.
Slate
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