Greffe d’utérus et GPA, deux poids, deux mesures

L’une fait polémique, l’autre est célébrée comme une prouesse médicale. Les deux techniques partagent pourtant un même but : rendre la maternité accessible aux femmes sans utérus fonctionnel.

Le 11 avril 2019, l’hôpital Foch de Suresnes a annoncé une première en France: une greffe d’utérus a eu lieu le 31 mars dans son enceinte, chez une femme de 34 ans née sans cet organe, souffrant d’une pathologie congénitale appelée syndrome de Mayer-Rokitansky-Küster-Hauser (MRKH).

Réalisée à partir du don d’utérus effectué par la mère de la receveuse, âgée de 57 ans, la greffe permettra à la patiente de procréer et d’avoir un enfant génétiquement lié à elle. Contrairement aux greffes d’autres organes, la transplantation d’utérus n’est que temporaire, ce dernier étant retiré à la naissance de l’enfant.

Double standard

La première naissance rendue possible grâce à l’utilisation de cette technique a eu lieu en Suède en 2013. Fin 2017, un enfant naissait à la suite d’une greffe d’utérus aux États-Unis ; en 2018, ce fut au tour de l’Italie. À la fin de l’année dernière, le procédé a été utilisé avec succès au Brésil, l’utérus provenant cette fois d’une donneuse décédée.

Bien que le nombre d’enfants nés après une transplantation d’utérus croît chaque année, la technique reste encore très expérimentale, comme a tenu à le rappeler l’Académie de médecine après l’annonce de l’hôpital Foch: «La transplantation utérine […] ne sera pas une chirurgie classique avant de nombreuses années et demeure un processus expérimental.»

Cette première transplantation est indéniablement une bonne nouvelle pour les femmes françaises souffrant du syndrome MRKH et désirant avoir un enfant. On peut toutefois s’interroger sur la cohérence de l’autorisation de greffes d’utérus en France, face à un droit français qui interdit par ailleurs strictement la gestation pour autrui (GPA).

Alors que d’innombrables articles et livres dénonçant fermement la GPA ont été écrits, alors que de nombreuses manifestations ont été organisées à son encontre et alors que les grandes villes françaises sont régulièrement recouvertes d’autocollants et d’affiches n’appelant rien de moins qu’à son «abolition universelle», la première greffe d’utérus française a été annoncée sans déclencher le moindre sursaut d’opposition.

La comparaison entre les deux techniques n’est pas anodine, puisque comme la transplantation d’utérus, la GPA permet aux femmes n’ayant pas d’utérus fonctionnel d’avoir un enfant génétiquement lié à elles.

Bien que les deux pratiques diffèrent dans leur nature, la greffe d’utérus impliquant que la grossesse soit prise en charge par la mère elle-même et non une tierce personne, un certain nombre de caractéristiques-clés permettent de les mettre en parallèle.

La technique de greffe d’utérus soulève-t-elle réellement moins d’enjeux éthiques que la GPA ? En 2018, les chercheuses Lisa Guntram et Nicola Jane Williams ont publié une étude dans la revue Bioethics s’attardant sur cette question. Les autrices reviennent sur les principaux arguments utilisés pour justifier l’interdiction de la GPA, afin d’évaluer si chacun d’entre eux ne pourrait pas tout aussi bien s’appliquer à la greffe d’utérus.

Autonomie menacée

L’un de ces arguments est que la technique risque de contraindre des femmes à porter des enfants pour autrui. La contrainte financière est souvent brandie, les adversaires de la GPA avançant que les femmes pauvres seront conduites à porter pour des couples riches.

Quid de la GPA altruiste, où la femme porteuse n’est pas rémunérée pour son service ? Le risque de contrainte persiste, puisque dans le cas où le couple et la femme porteuse ne se connaissent pas, un paiement caché risque d’avoir lieu.

«Dans le cadre de greffes d’utérus, les personnes peuvent aussi ressentir une pression interne à donner.»

Nicolas Jane Williams, chercheuse spécialisée en bioéthique

Si la femme porteuse et le couple sont proches, le risque est plutôt celui d’une contrainte émotionnelle : la femme connaissant l’immense détresse du couple infertile, elle peut être poussée à consentir à une GPA malgré ses réticences.

Qu’en est-il alors de la greffe d’utérus ? Dans les cas de greffe avec donneuse vivante, les mêmes risques sont susceptibles d’émerger. Comme l’explique Nicola Jane Williams, «les dons de personnes vivantes dans le cadre de greffes d’utérus risquent de voir des donneuses contraintes ou manipulées à donner par ceux qui ont intérêt à ce qu’elles donnent, et elles peuvent aussi ressentir une pression interne à donner, même en l’absence d’actes coercitifs ou manipulateurs».

Les personnes hostiles à la GPA soutiennent que la légalisation de la technique même dans un but uniquement altruiste resterait inacceptable: outre les pressions et échanges d’argent dissimulés, cela risquerait de normaliser la pratique. Une telle normalisation pousserait les couples ne trouvant pas de femme porteuse à faire appel au marché noir ou à se rendre à l’étranger, où le recours au procédé serait moins bien encadré.

La greffe d’utérus n’est pas non plus exemptée de tels risques, avec la possible naissance d’un marché noir d’utérus et de voyages dans des pays où les risques d’exploitation sont accrus.

Risques médicaux

Par ailleurs, les activistes anti-GPA pointent régulièrement les conséquences inacceptables auxquelles la femme porteuse s’expose pour le seul bénéfice du couple, tant au niveau physique que psychologique. Selon ces militant·es, une femme ne pourrait consentir librement à prendre tant de risques.

Une fois encore, la comparaison avec la greffe d’utérus est révélatrice. Là où la GPA n’apparaît pas plus dangereuse qu’une grossesse classique, la donneuse d’utérus doit subir une hystérectomie, une opération chirurgicale extrêmement lourde et longue (six à sept heures à l’hôpital Foch).

Concernant les risques psychologiques, la littérature scientifique concernant la GPA est rassurante, avec une grande majorité des femmes porteuses rapportant être satisfaites de l’expérience.

Les études concernant les donneuses d’utérus sont quant à elles inexistantes pour le moment, et l’on craint des sensations de perte d’identité de genre ou de dysfonctionnements sexuels chez les donneuses.

Les travaux de recherche menés sur les dons d’organe montrent qu’un tel don peut créer chez le donneur ou la donneuse des sentiments de culpabilité et de responsabilité, en particulier dans les cas où la greffe ne fonctionne pas ou entraîne des complications médicales.

Bien-être des enfants

La nocivité supposée de la GPA pour les enfants est un autre argument majeur avancé par ses adversaires. Concernant les risques physiques, ils ne sont pas plus importants dans ce cadre que dans celui d’une grossesse classique.

Pour les risques psychologiques, bien que les études soient encore peu nombreuses, la recherche tend à montrer que l’inquiétude n’est pas empiriquement fondée.

«Alors que la GPA est une pratique bien établie, la greffe d’utérus ne l’est pas, et il y a donc encore moins de preuves disponibles

Lisa Guntram, chercheuse spécialisée en bioéthique

Les enfants nés par GPA ne semblent pas développer plus de troubles psychologiques que les enfants nés naturellement, et ils semblent bien capables de comprendre leurs origines sans que cela ne les trouble.

Qu’en est-il de la greffe d’utérus ? Comme le rappelle la chercheuse Lisa Guntram, «alors que la GPA est une pratique bien établie, la greffe d’utérus ne l’est pas, et il y a donc encore moins de preuves disponibles pour soutenir ou nier l’affirmation qu’elle est incompatible avec les intérêts des enfants».

Quelques inquiétudes ont été soulevées, notamment en matière de risques physiques pour les enfants nés à la suite d’une transplantation d’utérus : «La littérature médicale suggère que porter un fœtus dans un utérus transplanté pose plusieurs risques pour l’enfant en développement, notamment un potentiel flux sanguin utérin compromis et son effet sur le fœtus, des anomalies rénales maternelles associées à quelques-uns des problèmes qui surviennent lorsque l’utérus est absent ou mal formé, ce qui peut accroître le risque de prééclampsie et d’hypertension, et des potentiels effets tératogènes dus à l’exposition à des immunosuppresseurs.»

Vision traditionnelle

En fin de compte, il est loin d’être évident que la greffe d’utérus soit une technique bien plus éthiquement défendable que la GPA : les principaux arguments avancés contre la GPA peuvent tout aussi bien être appliqués à la greffe d’utérus.

Là où la GPA est une technique d’assistance médicale à la procréation utilisée depuis près de quarante ans, qui dispose d’une littérature scientifique grandissante et rassurante quant au bien-être des femmes porteuses et des enfants, la greffe d’utérus reste en 2019 une technique extrêmement récente et expérimentale, par rapport à laquelle différentes inquiétudes concernant les donneuses et les enfants persistent.

À ce titre, comment expliquer la différence flagrante dans la manière dont ces deux techniques sont accueillies en France ? Comment expliquer que malgré des problèmes éthiques très similaires, l’une ait débuté en France sans l’ombre d’un débat alors qu’elle est encore extrêmement expérimentale, tandis que l’autre persiste à être entièrement prohibée sans perspective de légalisation ?

Bien plus que les problèmes soulevés en matière de bien-être des femmes porteuses ou des enfants, si la GPA dérange tant, c’est qu’elle remet en cause une certaine vision de la maternité. Que la gestation soit externe aux parents, qu’elle soit prise en charge par une tierce femme plutôt que par la mère elle-même, qu’une femme puisse porter un enfant qui n’est pas le sien : ce sont ces éléments qui dérangent profondément les personnes hostiles à la GPA.

Les différentes visions du bien peuvent parfaitement s’exprimer dans la société civile, mais ces dernières ne devraient pas pouvoir influer le droit. Les tenants (es) d’une conception traditionnelle de la reproduction ne devraient pas pouvoir imposer celle-ci au reste de la population française via la loi.

Les inquiétudes soulevées par la GPA et la greffe d’utérus étant similaires, si on juge que celles concernant la greffe d’utérus ne légitiment pas une interdiction face aux bénéfices que la technique apporte dans la lutte contre l’infertilité, si on juge par ailleurs qu’il s’agit d’encadrer la pratique pour en minimiser les risques, alors la cohérence exige d’en faire de même avec la GPA.

La tolérance par le droit français de la greffe d’utérus sans rémunération de la donneuse suppose de tolérer de la même manière la gestation pour autrui sans rémunération des femmes porteuses. Les personnes contrariées dans leur vision du monde par la GPA pourront continuer à exprimer publiquement leur désaccord, mais elles ne pourront pas continuer à s’appuyer sur le droit pour tordre le bras de leurs compatriotes.

Slate fr

Sécurité des journalistes : On n’en parlera jamais assez !

Depuis un certain temps, le phénomène d’insécurité est récurrent dans la ville de N’Djamena. De jour en jour des paisibles citoyens sont agressés de part et d’autres sur leur propre bien.

Hier aux environs de 22 heures, après la dernière nuit de ramadan à la Place de la nation, notre confrère d’ETV, Ahmat Mahamat Ahmat a été agressé par trois hommes inconnus à bord d’une moto. Ces derniers l’ont bousculé et voulaient emporter sa moto. N’eut été la vigilance des usagers, sa moto serait emportée voire sa vie. L’un de ces agresseurs est arrêté avec quelques complices et gardé  à vue au CSP 3 et les deux autres ont pris fuite.

Charles Blé Goudé sur France 24 : « J’ai l’ambition de diriger un jour mon pays »

Dans un entretien accordé à France 24, l’ancien ministre de Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé a annoncé qu’il a l’ambition de diriger un jour son pays mais sans pour autant se prononcer sur une éventuelle candidature à la présidentielle de 2020.

« J’ai l’ambition de diriger un jour mon pays avec une équipe qui comprendra qu’il faut faire la politique autrement en Côte d’Ivoire », confie-t-il à France 24. L’ancien ministre de la jeunesse de Laurent Gbagbo.

Charles Blé Goudé ne se prononce pas sur une possible candidature aux présidentielles de 2020, mais a affirmé qu’il a le temps pour proposer une vraie alternative et œuvrer à la réconciliation.  

Il s’est inquiété de la détérioration du climat politique en Côte d’Ivoire et craint que les violences qui ont émaillé les élections, entre 2010 et 2011, se reproduisent. Il appelle les dirigeants de son pays à se comporter en « hommes d’État » plutôt qu’en « politiciens ».  

Avec France 24

Opération « Juste Prix » se veut pérenne

Après la phase pilote de 45 jours, les promoteurs du concept « Juste Prix » et les parties prenantes veulent pérenniser le concept. La finalisation des prix plafond au niveau des transitaires, grossistes et importateurs a été l’objet des échanges entre les promoteurs et les différents syndicats des transitaires.

« C’est un succès. L’opération « Juste Prix » se veut pérenne, ce n’est pas une opération juste pour le ramadan. Nous sommes consommateurs 365 jours sur 365. Nous avons eu la phase pilote de 45 jours, après cette phase pilote, nous allons mettre sur place une structure qui va s’occuper du Juste Prix pour l’avenir», a indiqué le président de la CCIAMA, Amir Adoudou Artine. Cette rencontre avec les différents syndicats de transitaires est de faire un point sur le chemin à parcourir.

A cette rencontre, les parties prenantes du concept se sont penchés sur la finalisation du prix plafond des denrées de première nécessité au niveau des grossistes. Ce point fait suite à la suppression des taxes douanières et la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) par le gouvernement.

Pour le président de la chambre de commerce, la diminution est effective au niveau des importateurs. Les prix sont déjà arrêtés au niveau des grossistes mais comment faire profiter cela aux consommateurs à petite unité, au verre, coro,… Selon lui, le temps qui reste par rapport à la phase pilote, la question des petits consommateurs par Coro, verre et unité doit être priorisée. « Si on ne s’intéresse pas à cette catégorie des consommateurs. C’est que l’opération n’a pas encore donné pleinement ses résultats », a-t-il ajouté.

Comment capitaliser la suppression des taxes douanières et TVA?

Le président de la CCIAMA, a signifié que cet acte doit profiter aux consommateurs. Que cela puisse profiter aux consommateurs avant d’ajouter qu’à leur niveau (CCIAMA) tout est fin prêt. « Nous  attendons maintenant l’intervention du ministère de commerce par un arrêté et on va aussi arrêter les denrées de base que nous avons dorénavant affiché sur toutes les places publiques et les marchés afin que le consommateur soit pleinement informé », a-t-il renseigné.

Bagnolet Une vingtaine de Tchadiens manifestent et menacent de sauter du toit de l’immeuble pour éviter l’expulsion

Des Tchadiens squattent depuis le week-end dernier un immeuble à Bagnolet. Pour échapper à une opération d’expulsion, ils se sont réfugiés sur le toit.

(…) Ces hommes squattent un immeuble de l’avenue de la République depuis le week-end dernier. Les forces de l’ordre sont venus les déloger ce matin mais ces Tchadiens sont alors montés sur le toit du bâtiment pour échapper aux policiers. Selon une source policière, certains « menacent de se jeter ».

Source : francebleu.fr

La célébration de l’Aïd el Fitr est observée sur toute l’étendue du territoire

Lundi 03 Juin 2019, après que la lune aurait été observée dans le ciel, ce phénomène a marqué l’entrée dans le nouveau mois lunaire dit Chawwal. Toute la communauté musulmane du Tchad célèbre avec enthousiasme cette fête.

L’Aid el Fitr marque la fin du mois de ramadan. Cette année équivaut à l’an 1440 hidjir. Bien que la grande partie des musulmans pratiquants ne soit pas prête, la ville est comme morte aujourd’hui 04 Juin 2019, certaines rues et les parcs d’attractions pour enfants sont inondés de monde. C’est un moment de beauté pour tous. Peu, sont ceux-là qui passent leur fête aisément. Des contraintes empêchent d’autres de s’épanouir, et aux chefs de ménage de satisfaire tout le monde. Moussa, un habitant du 7e arrondissement nous raconte « …c’est quand même dur de passer ce moment dans la galère, mais Allah m’a honoré avec le peu, c’est pourquoi madame a préparé et j’ai invité mes frères ainsi que mes amis du quartier à venir partager le repas avec moi… même si je n’ai pas pu faire grande chose à madame, j’ai quand même acheté quelques habits de fête pour ma fille de 3 ans »

Tchad : la fête de ramadan confirmée pour le 4 juin par le Conseil supérieur des affaires islamiques

Le Conseil Supérieur des Affaires Islamique confirme la célébration de l’Aïd el Fitr qui marque la fin du ramadan au Tchad ce mardi 4 juin 2019. En effet, la lune aurait été observée ce lundi soir dans le ciel, ce qui marque l’entrée dans le nouveau mois lunaire dit Chawwal.

Algérie : le Conseil constitutionnel juge la présidentielle « impossible » à organiser le 4 juillet

Le Conseil constitutionnel en Algérie a jugé la présidentielle « impossible » à organiser, après le rejet des deux seules candidatures à ce scrutin prévu le 4 juillet, a annoncé dimanche la télévision nationale.

« Le Conseil constitutionnel rejette les deux dossiers de candidature déposés » et annonce par conséquent « l’impossibilité de tenir le présidentielle le 4 juillet », a-t-on indiqué de même source. Ce scrutin était censé permettre l’élection d’un successeur au président Abdelaziz Bouteflika, qui a démissionné le 2 avril sous la pression conjuguée de la rue et de l’armée.

Plus tôt cette semaine, le chef d’état-major de l’armée, le général Ahmed Gaïd Salah, devenu le véritable détenteur du pouvoir depuis le départ d’Abdelaziz Bouteflika, a réclamé des « concessions mutuelles » dans le cadre d’un « dialogue » dont il n’a pas défini les formes. Il n’a plus évoqué la date du 4 juillet, mais a continué de réclamer une présidentielle « dans les plus brefs délais ».

Le scrutin n’a pour seul objectif que le maintien du « système » au pouvoir, estime le mouvement de contestation inédit, qui réclame au préalable le départ de tous les dirigeants actuels, dont le général Gaïd Salah, chef de l’armée depuis 2004. « Ni dialogue ni élections, mais une (Assemblée) constituante », pouvait-on lire sur une pancarte brandie par des manifestants vendredi à Alger.

JA

Affaire Chebeya : Paul Mwilambwe prêt à témoigner en RDC contre John Numbi et Joseph Kabila

Témoin clé et coaccusé dans l’affaire Floribert Chebeya, l’ex-policier Paul Mwilambwe est en attente d’un procès au Sénégal. Condamné à mort par contumace en RDC, il continue d’incriminer Joseph Kabila dans le meurtre du défenseur des droits de l’homme, à Kinshasa, le 1er juin 2010. Jeune Afrique l’a rencontré à Dakar.

Condamné à mort par contumace en République démocratique du Congo, l’ex-commandant chargé de la sécurité à l’inspection générale de la police de Kinshasa est en exil au Sénégal depuis cinq ans.

Avec l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi, il appelle aujourd’hui le régime congolais à demander son extradition, afin de répondre devant la justice de son pays. Neuf ans jour pour jour après l’assassinat de Floribert Chebeya, Jeune Afrique a rencontré Paul Mwilambwe à Dakar.

Jeune Afrique : Vous avez été condamné à mort en 2011 par la justice congolaise et vous avez toujours affirmé que le régime de Joseph Kabila cherchait à vous éliminer. Pourquoi souhaitez-vous aujourd’hui être extradé par le Sénégal ?

Paul Mwilambwe : Je veux que la République démocratique du Congo demande mon extradition parce que je vis caché au Sénégal depuis cinq ans et je n’ai toujours pas été jugé. Je veux simplement que la justice fasse son travail.

Le pouvoir vient de changer dans mon pays, et celui que je mettais en cause était Joseph Kabila. Il n’a plus la main mise sur la justice.

L’alternance en République démocratique du Congo reste toutefois relative. Et John Numbi, que vous affirmez être le commanditaire de l’assassinat, est toujours un haut gradé de l’armée…

Si le Sénégal est prêt à relancer le dossier, je resterai. L’essentiel pour moi est que la procédure avance et que justice soit faite. J’ai été jugé par contumace en République démocratique du Congo sans pouvoir me présenter à la justice. On a fait croire que j’étais en fuite alors que j’avais été enlevé par les services de renseignement. J’ai été condamné en première instance, pas définitivement. Si je suis extradé, je ferai appel.

« Je veux faire confiance au nouveau régime »

Je sais que je cours un risque et que Numbi est un haut gradé. Mais le commandant suprême des armées et de la police est Félix Tshisekedi, et il a l’obligation d’assurer ma sécurité comme celle de tous les citoyens congolais. Je veux faire confiance au nouveau régime.

Cela fait cinq ans qu’une procédure a été lancée au Sénégal. Comment expliquez-vous n’avoir toujours pas été jugé ?

On m’a plusieurs fois annoncé l’ouverture d’un procès, et puis rien, sans aucune explication. On se contente de me dire d’attendre. J’ai demandé l’asile au Sénégal mais je ne peux pas obtenir le statut de réfugié en étant sous contrôle judiciaire.

La procédure a traîné par peur des répercussions, notamment sur les ressortissants sénégalais en RDC. Je suis coincé ici, autant rentrer chez moi où le nouveau régime me permettra d’être présenté à la justice. J’ai des éléments accablants pour prouver le rôle de Joseph kabila et de l’ex-chef de la Police John Numbi dans l’assassinat de Chebeya et de son chauffeur. Si le Sénégal ne fait rien, c’est que le dossier est politique.

Quels sont ces éléments ?

Je ne peux rien révéler encore. Mais il faut savoir que je n’ai ni assisté directement ni participé à l’assassinat de Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana. Étant chargé de la sécurité à l’époque, j’avais accès aux caméras de surveillance. C’est à travers elles que j’ai vu ce qu’il s’est passé.

Ce soir-là, le major Christian Ngoy m’a amené Chebeya, me disant qu’il avait rendez-vous avec John Numbi qui lui n’était pas présent. C’était en dehors des heures de service, mais ça n’avait rien d’inhabituel. Nous avons parlé plus d’une heure, puis le major Ngoy est venu chercher Chebeya en lui expliquant qu’il allait l’accompagner au domicile de John Numbi.

« Je suis sorti et j’ai vu Chebeya dans une jeep de la police, sans doute était-il déjà mort »

Là, huit ou neuf policiers en civil l’attendaient à la réception et se sont jetés sur lui. Ils lui ont mis le sac plastique autour de la tête. Je suis sorti et j’ai vu Chebeya dans une jeep de la police, sans doute était-il déjà mort. C’est là que Christian Ngoy m’a dit qu’il valait mieux que je me taise. Il m’a dit que John Numbi ne savait pas que j’étais présent et que si je parlais, ma vie serait en danger, parce que l’ordre d’assassiner Chebeya venait du président Joseph Kabila.

Vous prenez alors la fuite…

Je n’ai jamais été en fuite ! J’ai été enlevé et détenu à Kinshasa entre avril et juillet 2011 par les services de renseignements. Ce sont eux qui m’ont empêché de me présenter devant la justice parce qu’ils avaient peur que je parle. Le 8 juillet, j’ai été déplacé en avion cargo de la compagnie Transair jusqu’à Lubumbashi par l’Agence nationale de renseignement (ANR), un service qui dépend directement du président de la République. Je suis parvenu à m’enfuir par la fenêtre des toilettes de la maison où j’étais gardé captif à Lubumbashi.

Je me suis caché pendant presque deux ans dans un pays frontalier d’Afrique de l’Est que je ne peux pas citer. Je suis alors entré en contact avec le réalisateur belge Thierry Michel à qui j’ai livré mon témoignage, ainsi qu’avec des organisations de défense des droits de l’homme.

Vous choisissez ensuite de vous exiler au Sénégal, dont la justice peut être saisie de crimes de torture au titre de la compétence universelle. Saviez-vous que vous y seriez poursuivi ?

Je savais qu’une plainte serait déposée contre moi, j’étais d’accord avec ça parce que contrairement à la République démocratique du Congo, le Sénégal m’aurait permis de témoigner et de me défendre.

Mais voilà cinq ans que je suis sous contrôle judiciaire, que je me présente devant le juge tous les derniers vendredis du mois et que j’attends un procès.

Craignez-vous toujours pour votre vie ? 

Je sais que je suis toujours recherché par des hommes de main de Joseph Kabila et je suis forcé de déménager tous les trois à six mois, pour ma sécurité et celle de ma famille. Que ce soit en République démocratique du Congo ou au Sénégal, il faut que je puisse me présenter devant la justice pour être entendu. Je ne peux pas vivre éternellement dans la peur.

JA

Délit d’adultère : En l’absence de son voisin, il saute sa femme et purge une prison avec amende

Dimanche 26 mai dernier à Gassi dans le 7ème arrondissement de N’Djamena. Joe, maçon et mari d’Angèle informe son épouse de son voyage de travail dans un chantier en dehors de la ville.

Le même jour, Joe qui avait déjà de soupçons sur son épouse à chaque fois qu’il s’absente de la maison pour le boulot, fait un tour en ville et revient vers 22 heures. Trouvant la porte de sa demeure ouverte avec personne au-dedans, il prend une chaise et la pose juste devant l’entrée fixant le regard vers l’entrée principale de la cour et attendant de voir d’où est-ce que sa fameuse femme va sortir. « Quand le chat n’est pas là, les souris dansent », disait un adage populaire.

L’heure passe mais Joe n’a pas fermé les yeux de la nuit. A 5 heures moins du matin, pendant que les autres voisins de la cour ronflaient encore, Angèle sort de chez le voisin X, un célibataire légèrement en face. Elle marchait à pointe des pieds et lentement pour éviter un bruit suspect qui pourrait réveiller les voisins.

Arriver devant la maison, elle tombe nez-à-nez avec son brave mari qui l’attendait durant toute la nuit. Pas question de se justifier pour Angèle.

Joe, à son tour, sans hésiter alerte la police et X sera cueilli et mis en cellule. Il sera ordonné de payer une amende en contrepartie de l’acte d’adultère. Heureusement, un de ses oncles prendra le garant pour cette affaire.

Angèle quant elle, va regagner sur le champ le domicile de ses parents en attendant que l’échéance d’amende ne finisse puis de rejoindre X.

Djimnayel Ngarlenan